Fiasco à Cana ?

 

2ième dimanche du temps de l'Eglise 17 janvier 2016

Au mariage de Cana on a l'impression qu'il y a tout pour une noce réussie !
On doit l’épisode de «Cana » en Galilée à des jeunes mariés qui ont invités à leur noce,
la mère de Jésus et son fils Jésus et ses copains (ses disciples) Voilà pour les invités de marque !
Il y a aussi serviteurs, maître du repas, et le marié qui supervise ! Et plein de gens qui ont bien bu !

Mais il vint à manquer de vin !
Alors nous sommes envoûtés par ce vin venu de l’eau transformée : une obsession, au risque de louper le divin !
Le manque de vin menace la fête et la joie ! Serait-ce une noce où la joie va manquer ?
Une noce qui met en jeu la réputation du marié imprévoyant ! Inquiétant pour madame...
S'il manque du vin, il manque aussi le marié: nulle part durant les noces il ne parle de son amour pour sa fiancée !
Et il manque même la mariée : personne n’a vu la mariée… ni sa robe, ni de cérémonie ! Rien du tout !
Ce mariage ressemble à tout sauf à un mariage ! A se demander pourquoi on peut choisir ce texte un mariage chrétien !
On comprend spontanément la réaction de la mère de Jésus, attentive et compatissante
Il faut faire quelque chose dit-elle à son fils ! Qui, lui, regarde sa montre en disant ce n'est pas l’heure !
Alors Marie prend les choses en main ! Et l'idée ne vient à personne de dire à Marie : "mais de quoi tu te mêles ? "
"De quelle autorité tu t'occupes de l'intendance de ce mariage ?"
Pourtant dans la vie on a des tendances fâcheuses à dire : "fais ceci, fais cela, c'est Dieu qui veut !" ou au contraire
"Mêle toi donc de tes affaires ? "Chacun pour soi!"
Dans nos communautés humaines comme chrétiennes... on entend dire ici et là, à propos des désirs, des attentes, -il est légitime d'en avoir c'est même un signe de santé–: "Pour qui tu te prends, mêle toi donc de tes affaires et laisse les curés s'occuper de religion, et l'évêque de Rome ou celui de ton diocèse s'occuper de l'Eglise ..."

Justement si nous vivons en frères... à part le jardin secret de chacun, inviolable, tout le reste est de la responsabilité commune ! Encore faut-il que naisse des projets communs, partagés !
J'aime beaucoup cette formule qui dit... tous nous sommes appelés à accomplir tel ou tel service;
certains le sont d’une manière spécifique et principale, pour que pour que tous soient dans ce service !

Là réside la véritable joie profonde, ancrée dans la fraternité, sans visage gris et fermé, sans que l'un l'emporte sur l'autre !
Ce sont les temps de crise nous ramènent aux questions fondamentales.
C’est le manque qui nous fait mesurer le bien, qui rend présent et redonne du goût à ce que l’on ne voyait ou sentait plus !

Si le vin manque et qu’il ne reste que l’eau des ablutions, l'eau sale de nos vies, nous avons du mal à gouter à la bonté et beauté de Dieu !

Alors nous voilà dans une spiritualité de l’enfouissement : descendre au fond de la cuve, au cœur de notre cœur,
là où je suis : à quoi bon rêver d'autres cieux hypothétiques meilleurs ?
Il y a tant de manque dans cette noce de Cana ! Et pire encore il manque des mots à l'évangile lu ce matin !
Vous avez entendu ... L’évangile commence par : En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée."
Mais en fait il commence par … "Le troisième jour, il y avait un mariage à Cana en Galilée."
Or le 3ième jour dans l’évangile de Jean c’est celui de la fête, de la grande fête… de la Pâque de la Résurrection !
C'est le mot clé qui nous permet d'envisager le dépassement des manques et le vin nouveau,
d'une qualité rare et éternelle et intarissable !
Cana c'est le signe qui nous dit « Le changement c’est maintenant » !
A Cana manquait le vin ... Ce qui advient c'est le vin nouveau le «sang fermenté du raisin » dit le deutéronome…
Le vin de la fête véritable ! Le sang véhicule de vie ! Le Vin de l'amour ! La promesse des noces éternelles !

A Cana manquait le vin ... et Dieu comble en fête et joie, en surabondance de vie ! Y croyons-nous ?
A la fin des noces de Cana nul ne peut apprécier un vin exceptionnel : le temps viendra pour goûter aux 600 litres de vin… 800 bouteilles d’appellation contrôlée; ce sera la fête sans fin ! C'est le Christ qui nous donne ce Bon vin en abondance dont nous ne serions nous abstenir ?
Enfin  nous comprenons mieux la réaction de Marie, attentive et compatissante qui nous dit de s'en remettre à son Fils; de le suivre sans modération !  Que les manques sont l'élan des désirs cachés !
Maintenant nous  percevons comment  les  noces de Cana nous engagent dans l'Alliance à laquelle nous sommes appelés !

---

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 2, 1-11)

En ce temps-là,
il y eut un mariage à Cana de Galilée.
La mère de Jésus était là.
 Jésus aussi avait été invité au mariage
avec ses disciples.
 Or, on manqua de vin.
La mère de Jésus lui dit :
« Ils n’ont pas de vin. »

Jésus lui répond :
« Femme, que me veux-tu ?
Mon heure n’est pas encore venue. »
 Sa mère dit à ceux qui servaient :
« Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
 Or, il y avait là six jarres de pierre
pour les purifications rituelles des Juifs ;
chacune contenait deux à trois mesures,
(c’est-à-dire environ cent litres).
 Jésus dit à ceux qui servaient :
« Remplissez d’eau les jarres. »
Et ils les remplirent jusqu’au bord.
 Il leur dit :
« Maintenant, puisez,
et portez-en au maître du repas. »
Ils lui en portèrent.
 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin.
Il ne savait pas d’où venait ce vin,
mais ceux qui servaient le savaient bien,
eux qui avaient puisé l’eau.
Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit :
« Tout le monde sert le bon vin en premier
et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon.
Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit.
C’était à Cana de Galilée.
Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

 

Dimanche 17 Janvier 2016

  Retour