dimanche 20 août 2017 20ème dimanche du Temps Ordinaire
On peut lire l’Evangile à la manière d’un prof. qui repère au stylo rouge ce qui fait problème :
Ici je coche Jésus qui rejette la cananéenne, disant je ne suis venu pour les étrangers !
On peut lire l’Evangile à la manière d’un chercheur qui repère au stabylo flou ce qu’il admire :
Ici je coche Jésus qui dit à la même cananéenne, disant « O femme, grande est ta foi ! »
Jésus serait-il devenu soudain raciste ?
En fait il se fait pédagogue et finalement son discours fini par dire le contraire de l’apparence.
Car il y a ici deux histoires, une double version
La 1ière, c’est histoire telle qu’elle aurait du se passer, dans l’ordre, des choses : sans espérance ni avenir !
La seconde, est l’histoire telle qu’elle s’est passée, dans l’ordre de l’Evangile.Première histoire !
Voilà 2 mondes qui s’entrechoquent sans se rencontrer réellement !
Tout s’oppose en cri et silences, rien ne peut s’apaiser ni se guérir !Il y a cette femme venue d’ailleurs, d’un autre monde, l’étrangère, qui vient à la rencontre de Jésus
dans la région de Tyr et de Sidon - le Liban actuel – Elle a fait du chemin pour cela :
Chemin physique + mais aussi chemin Historique et psychologique !En effet elle est cananéenne, pas de cana en Galilée connu pour son bon vin de noce !
Mais du pays de Canaan, la terre donnée jadis à Abraham…
Cette femme fait partie de ces peuples que les Hébreux ont malmenés quand ils ont occupé la Terre Promise.Voici donc une femme qui s’adresse à un homme, une cananéenne qui s’adresse à un Juif :
entre eux une haine tenace et ancestrale demeure !Elle l’appelle " fils de David ", une manière radicale, typée de lui rappeler son origine, de renvoyer Jésus dans son monde : alors nous comprenons pourquoi Jésus ne répond pas ! N’est-il pas « Fils de David » que « pour les brebis perdues de la maison d'Israël ! » Nous sentons l’écart gigantesque qu’il y a dans cette rencontre ! Deux histoires, deux cultures qui ne dialoguent pas ! Chacun chez soi !
La femme crie pour se faire entendre et Jésus s’enferme dans le silence ! La distance est à son comble !
C’est ici que se situe l’intervention des disciples se rapprochant de Jésus :
« Accède à la demande de cette femme, elle nous casse les oreilles, qu’elle s’en aille d’où elle vient ! »
Pour que tout rentre dans l’ordre !Mais Jésus sort de son silence pour signifier que cela n’est pas une bonne idée !
Comment pourrait-il y avoir miracle sans une vraie rencontre, uniquement pour le motif que tout rendre dans l’ordre ! La guérison n’est pas à l’ordre du jour car elle n’est pas magique, elle ne s’élabore que dans la rencontre qui libère la foi et l’amour !Ce qui nous amène la seconde histoire !
C’est l’histoire de 2 mondes qui se rencontrent réellement car la parole prend le dessus et les désirs s’expriment, le dialogue naît…Tout s’apaise en guérison ! Grâce à la femme qui a de la voix et.. de la suite dans les idées.Alors elle se fait proche de Jésus et se prosterne devant lui : « Viens ; Viens à mon secours ! » La femme ne crie plus … Les disciples se taisent ! Elle parle et exprime son désir le plus profond ! Jésus rompt le silence, lui aussi il parle ! Mais Dieu que sa parole est stupéfiante: elle résonne en délit de racisme ! Comment Jésus pourrait-il délibérément pointer l’opposition entre "les enfants", c'est-à-dire les Juifs, et "les chiens", c'est-à-dire les Cananéens ?
Oui c’est vrai il en était ainsi, les Juifs désignaient les étrangers comme "les chiens".
Le dialogue s’initie sur ce contexte d’humanité, le dialogue naît grâce à l’enfant enfant et aux petits chiens !
Le ton change, la femme parle maintenant au «Seigneur» titre que l'Église primitive donne à Jésus ressuscité!
Puisque Jésus a parlé du pain et des enfants, la femme dans un remarquable à propos, lui dit:
" Et bien les miettes, ces petits morceaux de pain, c'est pour les petits chiens !
Elle rattrape au vol le mot "petit". La femme s'était d'abord placée dans la catégorie des " chiens ", mais là voici se situant dans la catégorie des disciples, tant " sa foi est grande ! » Elle s’incline vers Jésus et Jésus s’incline devant sa foi !
Alors vient l’heure de la guérison. Femme ta foi est grande !
Le prochain est celui dont je m’approche, avec qui je réduis la différence et la distance.
Évangile (Mt 15, 21-28)
En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. – Acclamons la Parole de Dieu.
Dimanche 20 Aout 2017