'Les ouvriers de la dernière heure tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !
« Prends ce qui te revient, et va-t-en. » Avis de grève imminent !
Le travail, le manque de travail sont au cœur de nos réoccupations actuelles !
Pourtant il n’est pas sûr que l’Évangile soit un traité d’économie ou un code du travail.
N’empêche que cet Évangile émoustille notre fibre de « juste » qui aime parler "d'équité salariale » :
payer proportionnellement aux heures de travail ! C’est mieux que l’exploitation de l’homme pas l’homme !Là le patron - ou si vous préférez l’évangile- suggère de travailler moins pour gagner autant que ceux qui travaillent plus! Cherchez donc où est l’injustice ?
Le patron n’a-t-il pas le droit de donner une prime à l’emploi et de s’abstenir de la prime d’ancienneté ?
Notons d’abord que dans cette vigne, tous sont invités à travailler ;
il y a du travail pour tous, pas de chômage et il n’est jamais trop tard pour répondre à l’invitation de Jésus.
La relation patron/employés se réalise avec des mots de tendresse que l’on n’a pas l’habitude d’entendre :
«Mon ami, faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ?» Oui pour Dieu nous sommes des amis !
Ensuite, à l’heure de la paie, chacun est assuré de recevoir du Seigneur le salaire équitable et généreux :
«Allez à ma vigne et je vous donnerai ce qui est juste». Joli contrat de travail !
Et enfin super bonne nouvelle : même si nous n’avons pas travaillé toute la journée – pour raisons multiples : négligence, imprévu de la vie, insouciance ou manque d’intérêt -, le Seigneur insiste et nous invite encore !Car pour Lui nous ne sommes jamais jugés trop âgés, trop insouciants, trop fainéants, trop ceci ou cela pour reprendre le travail et nous joindre aux autres travailleurs.
« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins… » (Is 55, 6-9)
Nous croyons facilement que la religion gère les relations de l’homme avec Dieu et ses enfants selon les lois de la justice humaine : une rétribution au mérite ?
« Seigneur j’ai bien fait cela tu dois me récompenser à mon juste mérite ! »
« Seigneur si tu me donnes ce que je te demande je te promets je te paierai...
en pèlerinage (si possible à St Jacques de Compostelle c’est tendance… ou alors à moindre effort à Lourde ! »
Comme si le bien était récompensé selon sa quantité et sa qualité, et le mal sanctionné par un « Dieu t’a puni ! »
Le Dieu de Jésus Christ ne fonctionne pas comme cela !
Il ne propose pas une justice distributive mais une générosité humaine et gratuite.
Son action est don gratuit, sans marchandage, ni négociation et, en plus, sans valises ou dessous de table !
Il y a seulement un dessus de Table avec le vase de Vin qui jouxte la coupe de pain : ici, en l'Eucharistie, l’amour de Dieu se donne et se reçoit, simplement.
Alors comment recevrais-je l'amour de Dieu : en me comparant avec les autres ou en l'accueillant simplement ?
Voilà qui est Dieu : don gracieux. Dieu est gratuit. Il donne librement, il reçoit gratuitement.
Nous avons tout reçu de lui gracieusement, à commencer par la vie !
Mais aussi tout ce qui nous est simplement transmis (pas donné) par notre environnement familial et social.
Alors saurai-je jour après jour chanter "Oui tout vient de toi, ô Père très bon !"
Dieu d'Amour transforme-nous par ton Esprit d'Amour que nos pensées deviennent tes pensées et nous aurons pour nos frères et pour toi un même Amour. Je peux penser qu’être chrétien consiste à croire que la religion c’est ce que nous faisons pour Dieu ! Que cela se mesure dans un examen de conscience à la recherche de nos fautes ! Mais en fait, être chrétien n’est ce pas envisager ce que Dieu fait pour nous. Cela se mesure par un examen de « bonne conscience », en discernant les grâces et perfections que Dieu me donne !Car Dieu accueille, l’enfant prodigue qui a dilapidé, la brebis follement perdue, le figuier dans une nouvelle chance de porter pas de fruits, il ouvre un regard de tendresse infinie à la femme à la vis sexuelle débridée, il offre le paradis au bon larron, ce condamné pour faute grave ! Sort les lépreux de leur isolement, et pardonne à Pierre son reniement, Nous sommes invités nous aussi à entrer dans la vigne du Seigneur, lieu de bonheur et d’alliance avec Dieu et avec les autres, symbole de la bonté et de la générosité de Dieu : Allez vous aussi à ma vigne !
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 20, 1-16)
Jésus disait cette parabole :
« Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
Il se mit d'accord avec eux sur un salaire d'une pièce d'argent pour la journée, et il les envoya à sa vigne.
Sorti vers neuf heures, il en vit d'autres qui étaient là, sur la place, sans travail.
Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste.'
Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même.
Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d'autres qui étaient là et leur dit : 'Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?'
Ils lui répondirent : 'Parce que personne ne nous a embauchés.' Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne.'
Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : 'Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.'
Ceux qui n'avaient commencé qu'à cinq heures s'avancèrent et reçurent chacun une pièce d'argent.
Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d'argent.
En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine :
'Ces derniers venus n'ont fait qu'une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !'
Mais le maître répondit à l'un d'entre eux : 'Mon ami, je ne te fais aucun tort. N'as-tu pas été d'accord avec moi pour une pièce d'argent ?
Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi :
n'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un oeil mauvais parce que moi, je suis bon ?'
Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »Dimanche 1 Octobre 2017