A l'occasionde la première messe d'Olivier FLEAU, osfs
Dimanche 1er octobre 2017 - 26ème semaine du temp de l'Eglise – Année AVoici encore un jour où Jésus vient nous bousculer dans son enseignement !
Vous l'avez vu, les grands prêtres et les anciens se prennent une bonne remise en place, qui n'a pas dû leur plaire sur le coup.
Mais que vient nous dire ici Jésus ?
La question des textes que nous avons entendus peut être de nous questionner sur notre capacité à revenir sur nos pratiques, à nous demander ce que nous sommes et finalement accepter la conversion.
Se dire que finalement, l'enseignement que je reçois a du sens, qu'il peut m'apporter quelque chose et qu'avec lui, je peux avancer.C'est bien le cas des deux fils dans l'Evangile. Le premier refuse au départ de faire la volonté de son père, puis finalement, il se repent et va travailler, alors que l'autre fait l'inverse : il accepte, mais ne fait rien.
D'un côté, il y a remise en question : je dis quelque chose, mais j'accepte de me questionner, de me rendre compte que mon avis n'est peut être pas le bon ou du moins pas forcément le meilleur en tous points. Un autre chemin est possible.
De l'autre, c'est la dictature de mon avis. J'ai dis oui en façade, mais au fond de moi, je ne me suis pas engagé, et comme mon avis est tout puissant, ça ne bougera pas, je resterai fixe là dessus. Le résultat est sans appel, je ne ferai que comme je veux. Je m'enferme en moi-même.
On perçoit alors tout l'enjeu de cet enseignement. Jésus nous averti d'un risque terrible, celui de l'enfermement sur soi. Peu à peu, se persuader que l'on s'auto-suffit, et que l'avis de l'autre n'a pas beaucoup d'importance. Ma manière de faire est meilleure quoi qu'il arrive !
Cet enfermement, on peut le voir dans toutes occasions de la vie, avec des moments où on va se complaire dans son état actuel. Et peu à peu, se couper de ceux qui nous entourent.
Pourtant, en répondant à la question de Jésus : « qui a fait la volonté du père ? », les grands prêtres ne peuvent que répondre : « c'est le premier ». Car en effet, c'est bien lui qui a exécuté la tâche au final, car il s'est converti.
Par là, les grands prêtres se rendent compte de la démarche nécessaire pour faire la volonté du père : se convertir, reconnaître que l'on n'est pas soi-même sa propre vérité.
Saint Paul nous donne les bons outils. En s'adressant aux premiers chrétiens, il dit que si on veut suivre le Christ, alors il faut se convertir en lui, faire comme il a fait : avoir le même amour entre nous. Et avoir assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à nous-mêmes ! Etre davantage préoccupé par les intérêts de l'autre plutôt que les siens !
Avons-nous bien entendu ces paroles tout à l'heure pendant la lecture ?
Estimer les autres supérieurs à nous-mêmes.
Paul vient ici nous donner cette clé pour comprendre la démarche qui va nous permettre d'accepter l'avis de l'autre, et de mieux suivre le Christ.
Si je considère l'autre supérieur à moi, alors pourquoi vais-je lui imposer ma vision des choses ? Pourquoi vais-je lui obliger à fonctionner comme moi je l'entend ?
Vous savez, je sais que je peux me le permettre ici, on est en terres savoyardes, voilà 5 ans que je vivais à Lyon pour les études. Sans généraliser bien entendu (des lyonnais sont présents dans l'assemblée) lorsque l'on est en voiture à Lyon, si on prend un peu de temps pour se questionner sur une direction, ça ne manquera pas, notre voisin de derrière nous rappellera vite à l'ordre en nous donnant un bon coup de klaxon, accompagné parfois de quelques bénédictions locales ! (Ça n'arrive jamais en Haute-Savoie, bien entendu !)
Dans cet exemple de vie courante, si je considère l'autre supérieur à moi, pourquoi vais-je me mettre à lui tomber dessus avant même de me remettre en question et de me demander pourquoi est-ce qu'il ralenti comme cela ?
La vie est remplie de petites occasions pour se remettre en question. Sortir des rails de son point de vue unique, et se laisser confronter par l'avis de l'autre.
Nous chrétiens, nous disons que nous souhaitons suivre le Christ. Comment cela se traduit-il dans mon quotidien ? Est-ce que je sais faire appel à lui pour qu'il me guide dans mon questionnement ? Quelle place est-ce que je donne à son enseignement dans ma vie ? Quelle est ma manière de me remettre en questions ?
Comme jeune prêtre d'un jour à peine, je reçois aussi cette Parole comme pleine d'enseignements : une invitation à démarrer ce nouveau ministère avec l'ouverture nécessaire pour ne pas tomber dans le couloir de l'avis unique. Etre prêt à travailler avec les avis des uns et des autres, aller à la rencontre de chacun, dans sa différence.
Je compte sur chacun de vous, confrères et laïcs, pour savoir être aussi ceux qui seront cette autre voix de temps en temps.
Pour chacun d'entre nous, c'est une épreuve quotidienne, nous aimons tous beaucoup notre manière de voir les choses. C'est la zone de confort ! Mais en apparence seulement ! Car finalement, c'est surtout la zone de sécheresse, la zone de solitude qui ne donne pas de fruit !
Prions donc le Seigneur de nous assister au quotidien, pour nous donner cette capacité à pouvoir ouvrir les yeux sur notre vie et dire au Seigneur avec le psalmiste : « Seigneur, enseigne moi tes voies, fais-moi connaître ta route (…) car tu es le Dieu qui me sauve ».
Dieu soit béni !
Père Olivier FLEAU, osfs
Dimanche 1 Octobre 2017