dimanche 29 Juillet 2018 - 17ème dimanche du temps de l'Eglise
Dimanche dernier Jésus invitait à venir à l’écart pour un pique-nique, de débriefing à 13, au retour de mission des disciples ! Un petit coin de paradis au bord du lac !
Nous avons vu que cela s’est soldé par un pique-nique géant à 5000.
Au cœur de cet événement un jeune garçon donne ses pains et ses poissons.
Qui mieux que l’enfant est prêt à cette spontanéité ?
Il ne compte pas, il n’est pas comme les adultes ; tout de même vous ne ferez pas croire que sur 5000 hommes, aucun n’ait eut un bout de pain dans sa musette !Je n’aime pas le titre qui a été choisi pour ce texte car il ne s’agit pas de faire fonctionner le multiplicateur 1000, par laquelle on passe de 5 pains à 5000 pains...
C’est vrai que chaque miracle de Jésus soulève notre admiration et suscite notre désir d’en jouir personnellement !
Seulement voilà l’Évangile ne parle ni de multiplication ni de miracle !
Jésus ne connaît que le mot "signe" qui invite à dépasser la matérialité et l’exceptionnel du fait pour fixer l'attention sur l’auteur du signe et sur sa signification.A multiplication qui est augmentation, je préfère démultiplication, et même division, qui est partage.
Geste déclenché par l’enfant qui n’hésite pas à donner car il sait qu’il ne peut pas tout garder pour lui.
Incitation à ce que chacun sorte de son sac un bout de pain pour que tous soient rassasiés !
Mais Jésus fait de cet enfant le porteur du signe de l’humanité nouvelle, toute jeune et toute neuve, à son point de jaillissement. Il y a d’une part l’adulte qui gagne sa vie et l’enfant qui ne la gagne pas...
mais qui détient la seule nourriture disponible.
C’est bien l’enfant, celui qui doit s’appuyer sur un autre pour vivre, qui détient la clé de ce récit.
Cet enfant qui fait partie des pauvres à qui appartient le Royaume des cieux.
Jésus lui-même savait bien ce qu’il faisait et allait faire. C’est lui, le Seigneur au cœur de l’événement.Les moines de l’Abbaye de Talloires, ont dû méditer cette exigence du partage avec les plus pauvres !
L’Abbaye de Talloires n’était pas seulement un lieu de prière et de travail, mais un lieu de charité
A tous les pauvres qui se présentaient à l’abbaye on distribuait chaque jour un pain de seigle.
Et une fois l’an le prieur délivrait 2190 livres de pain, 15 tomes, 15 pots de vin
et les malades trouvaient à l’Abbaye un hôpital gratuit.
La charité résonne des mots de Paul qui tente de convaincre chacun à se conduire dignement selon l’évangile :
« Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ! »
Il nous faut, dit saint François « s'entre-porter et s'entre-supporter pour l'amour du Sauveur ».
« Ceux qui sont ès chemins scabreux et glissants s'entretiennent l'un l'autre pour cheminer plus sûrement. »Le texte de la démultiplication du pain, rassemble les convives en famille !
Germain de Montfort et ses compagnons depuis les origines de l’Abbaye de Talloires
ont chercher à promouvoir cette famille, où chacun est invité à recevoir volontiers l’enseignement d’un père plein de tendresse et le mettre en pratique :
« Écoute, ô mon fils, les préceptes du Maître, et prête l’oreille de ton cœur. »
Et si tout à l’heure vous ferez quelques pas sur le chemin, jusqu’à la grotte,
c’est pour renforcer les liens de solidarités qui se forgent dans le dialogue vrai et le pardon.
il s’agit de réduire au silence inimitiés et rancunes qui sont tenaces pour habiter ce silence de tendresse !Nous avons besoin de nous arrêter pour vivre un de ces moments d’intimité avec Dieu,
« en nous détachant » du vacarme de chaque jour, pour écouter et aller à la « racine » qui soutient et nourrit la vie.
« Ne nous laissons pas d'être toujours joints et unis, nous entretenant les uns aux autres
par la commune prétention et entreprise que nous avons. » (XIV 281)
« Ayons soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. »
L’Esprit ne peut être en nous, s’il n’est entre nous…
Le Christ est toujours notre pain de joie, au-delà de nos larmes et alarmes.
Le Christ est toujours notre pain d’espérance, malgré ce qui nous fait désespérer.
Le Christ est toujours notre pain de vie là où l’humanité se morcelle et se fracture.
Évangile (Jn 6, 1-15)
En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.
Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.
Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.
Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe :
« Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. – Acclamons la Parole de Dieu.Dimanche 29 Juillet 2018