Réciter n'est pas jouer !

dimanche 28 juillet  2019  17ième semaine du temps de l'Eglise

« Comme Jésus nous l’a appris, nous osons dire... Notre Père... »
Depuis le temps que nous entendons cette invitation nous n’avons aucune difficulté à considérer Jésus, maître de prière !
Pour les disciples de Jésus, par contre, il n’en va pas de même !
Ils ont l’habitude de recevoir l’enseignement du maître assis en cercle autour de lui.
Mais il faut se rendre à l’évidence, Jésus n’a pas eu l’idée d’en parler lui-même, de leur apprendre à prier !

Alors merci à l’Apôtre qui a osé lui demander en lui disant qu’au moins Jean, lui, l’a appris à ses disciples.
Merci à l’Apôtre qui a du, quelque peu forcer la main du maître, se frayer un passage dans son intimité !

Et étonnement Jésus se laisse faire, pour trois raisons :
- Jésus sent bien que son attitude, à l’écart, lorsqu’il se pose et repose et que son cœur est orienté vers Dieu, intrigue ses disciples qui devine la direction sans savoir comment s’y engager : alors Jésus assume sa mission de maître !

- Et puis Jésus sent le désir de ses apôtres et s’en réjouit, il sent qu’ils sont prêts pour faire un pas de plus.
Quand le désir est là, la foi, l’espérance et l’amour sont prêts à s’épanouir !

- Enfin, Jésus le sait, il est là pour que tous les hommes entrent dans l’intimité que Dieu veut partager avec les hommes ! Il leur donne accès au plus précieux et plus profond de la relation avec Dieu, Père, Abba, papa !

Rentrer dans une intimité dans un jardin secret est suffisamment délicat pour ne pas y entrer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine : la lourdeur de nos vies n’attend que la délicatesse de Dieu.

Souvent en préparant une célébration nous nous disons : « et le Notre Père : chanter ou réciter ? »
J’ai envie de répondre : « en tout cas ne jamais le réciter, mais le dire, le parler, si on ne le chante pas !
Très souvent à quelle vitesse nous récitons le Notre Père !
Dans nos célébrations un radar qui éteigne la petite lampe rouge du tabernacle serait nécessaire
pour nous signifier que Dieu n’entend plus !

Mieux vaut dire le Notre Père avec cœur, pour un temps d’accord,
que de le dire par cœur, en un temps record !

Comme dit Matthieu :  prions dans le secret (Mt. 6,6), ne pas rabâchons pas, ne nous laissons pas emporter dans un flot de paroles (Mt. 6,7), pardonnons dans la prière (Mc 11,25), priions à plusieurs en son Nom (Mt. 18, 19-20 et Jn 14,14),

Nous déversons des tonnes de prières pour notre prospérité terrestre et pour mille autres raisons…
Repus de prières, la fatigue nous gagne, et nous éprouvons ce sentiment que Dieu ne répond plus à nos appels !
La question surgit : Dieu serait-il gavé de nos prières comme jadis il était écœuré par les sacrifices de viandes grasses ?

« En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. » Matthieu 6 :7
Spontanément nous envisageons la prière comme des formules à réciter : un automatisme du matin ou du soir, ou du matin au soir ! Débranchons l’automatisme, mieux vaut pas de prière qu’une prière négligée ; exceptée la prière du matin et du soir qui est la plus indispensable : il s’agit au moins de saluer le Père au lever comme au coucher !

Dieu existe je l’ai rencontré ... Alors je lui parle !
Et je me lance dans la prière pour obtenir ce que je néglige ou m’abstiens de faire par mes propres moyens :
« Dieu fais que ! »

Que ma prière soit plus celle du cœur que celles des belles formules mémorisées !
Même si parfois quand nous sommes un peu sec ces formules viennent alors à la rescousse !

Que ma prière soit plus celle des mains qui s’ouvrent et se joignent pour libérer un espace de silence qui ne désire ni informer, ni expliquer, ni justifier.
Il est plus facile de prier que de sortir son portable !
La prière ne s’encombre pas d’appareil à saisir, ni de numéro à composer.
Tout comme pour téléphoner, il faut s’arrêter pour prier... c’est l’attention à l’Autre qui compte !

Dieu existe il m’a rencontré ... Alors je l’écoute !
Ecouter quelqu’un qui me parle, parler à quelqu’un qui m’écoute : un dialogue, voilà la prière !
Non pas une déclaration, ni une exhortation mais une causerie à bâtons rompus : des cœurs qui se répondent.
Dans la prière nous découvrons l’expression inattendue de Dieu qui dit :« L’homme existe, je l’ai rencontré ! »
Alors écoute !
Ecoute, écoute, surtout, ne fais pas de bruit, on marche sur la route, on marche dans la nuit.
Ecoute, écoute les pas du Seigneur vers toi Il marche sur ta route, Il marche près de toi.

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Évangile (Lc 11, 1-13)
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : ‘Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : ‘Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.’ Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : ‘Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’. Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » – Acclamons la Parole de Dieu.  

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