dimanche 19 juillet 2020 dimanche, 16ème Dimanche du temps de l'Eglise
L’ivraie, le mauvais grain & le bon grain, le blé !
Et voilà en religion et culture, en morale et politique, le monde simplifié, coupé au couteau, en deux,
le bon d’un côté, le mauvais de l’autre !
C’est la pédagogie des cours de récréations :
dans une bagarre c’est toujours l’autre, le mauvais, celui qui a commencé !
Malheureusement cette position et opposition absurdes n’est pas le privilège de la cour de récréation :
certains politiques ont exactement la même attitude ; s’exonérer de tout mal, pour mieux charger l’autre et transformer souvent malicieusement toute distinction en opposition.L’Evangile de ce jour s’oppose à cette conception duelle et manichéenne du monde !
Le mauvais grain et le bon grain : « laissez-les pousser ensemble ! » dit Jésus !
En termes d’agriculture c’est une remarque de bon sens !
A vouloir extraire l’ivraie on pourrait attenter aux bonnes pousses !Alors pas question de ramener fatalement la diversité et complexité du réel à l’exclusion !
Ecoutons F de Sales : il parle de l’église, mais cela vaut pour le monde !
« L’Eglise est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en sommes, de différentes perfections ; toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté. » (Pl 431s ; TAD II,7)
Je vous renvoie au jeudi 13 août 2020 pour une halte spirituelle :
L'amour, péché mignon de François de Sales ! L'anthropologie chrétienne ne s'organise pas autour de la fracture du péché des origines mais sur l'Amour originel ...La pédagogie divine : Dieu laisse toujours une deuxième chance.
- En partageant avec des jeunes ados... nous nous demandions ce qu’était l’ivraie, le mal, le péché !
Un jeune me dit le péché, c’est quand on vise à faire quelque chose et qu’on rate sa cible !
Ce n’est pas grave, on recommence !
- ...Et dernièrement nous l’avons entendu dans une méditation, un ado nous expliquait ceci :
« ... Le péché n'est finalement autre chose que le comportement basiquement sauvage et animal de l'humain. Les péchés sont des réflexes instinctifs de survie qui sont néfastes car ils ne sont pas adaptés à la vie en société. Ce réflexe est compréhensible si l'individu fait face au manque vital mais il est inutile et mauvais dans un contexte de vie en société ou la solidarité est importante.
C’est l'Esprit qui permet de modérer l'esprit animal de l'humain par la réflexion et la spiritualité. »Alors oui notre Dieu n’est pas un père fouettard qui punit au moindre errement !
Il laisse toujours l’occasion de revenir vers lui. Pensez :
- au Père qui attend le retour de son fils !
- au bon larron : malgré son crime il se voit offert son ticket d’entrée au Paradis par le Christ lui-même !
- à l’Éternel, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité. (Exode 34.6)Notre humanité se trame sur un mélange de bien et de mal, de « grâce et de péché ».
Dans notre propre cœur, les deux existent côte à côte.Malgré toute cette ivraie en ma vie, Dieu me laisse vivre,
il me donne chaque jour des occasions de grandir dans la foi,
de faire de bonnes actions, d’être sympa. De laisser ainsi les épis de blé fructifier et se gorger de grains.Laissons à chacun la grâce du temps et de la conversion :
grande est la patience de Dieu, expression d’un amour et d’une miséricorde sans limite.L'exhortation apostolique Evangelii gaudium, (222-225) du pape François,
attire notre attention sur le fait qu’il est préférable de lancer des processus à long terme plutôt que de vouloir des résultats immédiats.
C’est le vieil adage des tenants du développement intégral « Si tu veux aider ton frère apprend lui à pêcher plutôt que de lui donner du poisson ! »
Le temps est supérieur à l’espace ! Prenons le temps qui nous est donné ! Je bénis le temps qui passe, je bénis le temps qui trépasse et qui né à nouveau".« Que le Seigneur vous bénisse et vous garde, qu’il fasse resplendir sur vous son visage, que le Seigneur tourne vers vous son visage et vous accorde tous ses bienfaits, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». (Nb 6, 24-26 ; Ps 66...)
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Évangile (Mt 13, 24-30)
En ce temps-là, Jésus proposa cette parabole à la foule :
« Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.
Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi.
Les serviteurs du maître vinrent lui dire :
‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ?
D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’
Il leur dit : ‘C’est un ennemi qui a fait cela.’ Les serviteurs lui disent : ‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’ Il répond : ‘Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.’ »Dimanche 19 Juillet 2020