Dimanche 16 août 20ième dimanche du Temps de l'Eglise
Ce type de texte d’Evangile, provocateur j’aime l’appeler l’Evangile qui gratte !
Il gratte suffisamment pour que nous nous sentions provoqués et surpris. C’est bon signe : il y a ici une vérité qui nous échappe et qu’il nous reste à dévoiler, pour que ce soit, une nouvelle et une bonne nouvelle !
Voilà une histoire de miettes de pain au lendemain de la multiplication des pains qui a nourri 5 000 hommes
et fait 12 corbeilles de reste !
Une histoire de petits chiens venus de nulle part (ou d’ailleurs/étranger), qui viennent manger les miettes du maître Qu’est-ce que cette histoire a, à faire avec la foi ?
Et Jésus insiste pour se retirer à l’écart nous dit-il un Jésus fatigué soudainement devenu indifférent ?
D’habitude Jésus se laisse faire et n’abandonne pas les gens à leur détresse.
Là il nous semble même méprisant : Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens.
Jésus serait-il devenu raciste à ne pas envisager un avenir à l’étranger, lui, qui guérit le serviteur du centurion romain, non juif ! Alors que signifie donc cette histoire ?Pour avancer dans la réception de cette page de la BN envisageons cet événement en double version !
Une histoire telle qu’elle aurait dû se passer dans l’ordre des choses : sans espérance ni avenir !
Une seconde l’histoire telle qu’elle s’est passée qui bouscule les choses pour entrer dans l’ordre de l’Evangile, BN !Alors, la première histoire est celle de 2 mondes qui s’entrechoquent sans se rencontrer réellement !
Alors que la femme crie son exaspération les disciples sont exaspérés par ses cris !
Tout s’oppose : aux cris de la femme répond le silence de Jésus et l’énervement des disciples !
Rien ne peut s’apaiser ni se guérir !
Voici une femme venue d’ailleurs, (un autre monde) face à Jésus, un juif de passage à Tyr et Sidon - le Liban actuel
Voici donc une femme qui s’adresse à un homme,
une cananéenne qui s’adresse à un Juif, entre eux une haine tenace et ancestrale demeure !Mais cette femme se révèle avoir fait du chemin physique, historique et psychologique pour cette rencontre !
Elle appelle Jésus " fils de David ", comme pour lui rappeler son origine, le renvoyer Jésus dans son monde : alors nous comprenons pourquoi Jésus envoyé « pour les perdus de la maison d'Israël ne répond pas !
Un écart gigantesque se creuse en cette rencontre !
Deux histoires, deux cultures qui ne dialoguent pas ! Chacun chez soi !
La femme crie pour se faire entendre et Jésus s’enferme dans le silence ! La distance est à son comble !C’est ici que se situe l’intervention des disciples ! « Accède à sa demande elle nous casse les oreilles ! »
Jésus sort de son silence pour signifier que cela n’est pas une bonne idée !
Comment pourrait-t-il y avoir miracle sans une vraie rencontre : uniquement au motif que tout rendre dans l’ordre ?
Quand la guérison n’est ni magique ni de de l’ordre de la convenance, elle s’élabore dans la rencontre qui libère la foi et l’amour.Ce qui nous amène la seconde histoire !
C’est l’histoire de deux mondes qui se rencontrent réellement car la parole prend le dessus et les désirs s’expriment, le dialogue naît…Tout s’apaise en guérison !Grâce à la femme qui a de la voix et ... de la suite dans les idées,
elle devient proche de Jésus et se prosterna devant lui, elle s’humilie !
Elle lui demande de s’avancer vers elle ! « Viens ; Viens à mon secours ! »
Elle ne crie plus … Les disciples eux se taisent : silencieux !
Elle parle. Elle exprime son désir le plus profond ! Et Jésus rompt le silence, lui aussi il parle !Alors nous voyons maintenant cette femme qui reconnaît qu’il y a une différence entre les maîtres et les petits chiens, entre les juifs et les païens.
On peut voir là l’enracinement d’un délit de racisme ou au contraire l’émergence d’une reconnaissance de la limite, qui est la marque, la garantie du respect de l’autre !
En un mot cette femme est capable de prendre en compte l’altérité :
reconnaître et exprimer que l’autre existe, qu’il est autre, différent de moi, et qu’il n’est pas moi.C’est la porte ouverte, suffisamment ouverte pour reconnaître que Dieu est Autre, le Tout-Autre.
Dieu n’est pas moi, je ne suis pas Dieu, mais nous voilà un chemin de rencontre, de rapprochement, de confiance et donc de foi ! O femme, grande est ta foi ! Jésus peut-il en dire autant de nous ?--------------------------------------
La cananéenne, Matthieu 15, 21-28
Au lendemain de la multiplication des pains…21 Jésus partit de là et se retira vers la région de Tyr et de Sidon.
22 Une Cananéenne venue de ce territoire se mit à crier : Aie compassion de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon.
23 Il ne lui répondit pas un mot ; ses disciples vinrent lui demander : Renvoie-la, car elle crie derrière nous.
24 Il répondit : Je n'ai été envoyé qu'aux moutons perdus de la maison d'Israël.21 Jésus partit de là et se retira vers la région de Tyr et de Sidon.
22 Une Cananéenne venue de ce territoire
25 Mais elle .... vint se prosterner devant lui en disant : Seigneur, viens à mon secours !
26 Il répondit : Ce n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens.
27- C'est vrai, Seigneur, dit-elle d'ailleurs les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres...
28 Alors Jésus lui dit: O femme, grande est ta foi; qu'il t'advienne ce que tu veux. Et dès ce moment même sa fille fut guérie.
Dimanche 16 Aout 2020