Dimanche 30 août 22ième dimanche du Temps de l'Eglise
Cet évangile est en 3 actes : 1 En route vers Jérusalem ! 2 Pierre le coupeur de route ! La montée ininterrompue !
Commençons par l’acte 2 : Pierre le coupeur de route !
Dimanche dernier nous admirions Pierre à la foi flamboyante : « Tu es la Christ, le Fils du Dieu vivant ! Mt 16, 13-20
Qui se voit recevoir de la part de Jésus, devant les disciples un sacré compliment :
« Heureux es-tu Simon fils de Jonas ... » et se voit confier une tâche aussi belle que lourde !Et voici que quelques pas après, quelques versets plus loin, c’est carton rouge pour lui !
Devant les autres disciples, il est traité de Satan, par le Christ lui-même : quel revirement inattendu et soudain !
Pourtant pour Pierre tout part d’un bon sentiment « Aller souffrir et mourir à Jérusalem, que Dieu nous/t’en garde ! »Alors que se passe-t-il ? Il ne nous faut pas se faire piéger par le mot satan !
Nous avons la tête pleine d’images hautement suggestives, colorées et fumeuses, sur satan.
Que nous écrivons volontiers avec un S, majuscule, tellement nous en avons fait une personne !Dans le premier testament le mot satan n’est jamais un nom propre, un nom de personne, mais un nom commun :
satan, c’est l’adversaire... ici c’est Pierre qui se met en travers de la route de Jésus l’empêchant d’accomplir son chemin vers Jérusalem ! C’est cela qui lui vaut le « « Passe derrière moi, Satan ! »Alors il nous faut remonter à l’acte 1 pour mieux comprendre ce que Jésus annonce et ce que Pierre comprend !
Jésus annonce sa montée à Jérusalem, pour souffrir et mourir : voilà en tout cas ce que retient Pierre.
Pierre est un vrai bosseur, entier et fougueux, la mort annoncée lui est insupportable, inadmissible !
Ces choses de la vie nous rendent sourds et aveugles !
C’est souvent ce qui se passe dans nos vies quand le douloureux occulte le merveilleux !
Il s’agit de monter à Jérusalem, avec le langage du prophète : « Bâtir & construire, démolir & détruire » mourir & ressusciter ! Et cela contredit radicalement le sens de la montée de Jésus vers le Mont Calvaire
qui n’est pas la capitale de la souffrance mais le lieu ineffable de l’Amour du Père et du Fils
le lieu qui contrecarre et détruit satan, toute adversité, toute mort pour la vie éternelle !Nous sommes menacés du même syndrome de Pierre : ne retenir que la forêt de croix de souffrances alors que nous sommes invités à regarder au-delà de la forêt... qui masque et engloutit, l’arbre de Vie ;
nous sommes invités à passer du Mont Calvaire au Mont des Amants !Acte trois : en marche !
Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Curieux que pour mieux marcher, quand on peine, il faille se surcharger !
En montagne on dit plutôt à celui qui peine à suivre : passe-moi ton sac !
Nous, nous avons parfaitement, (trop ?) intégrer le « prendre sa croix et suis-moi !
‘Ils chargèrent sur les épaules de Jésus une poutre pesante de la croix !’
Est-ce cela la proposition de l’évangile : rendre la vie impossible, la destiner à la mort ?Petit souvenir pénible. Nous étions en colo en montagne !
Des jeunes sont surpris en plein délire bruyant dans leur chambre.
Leurs moniteurs se déchainent : ils les font se relever, s’habiller et charger leur sac à dos de pierres... et c’est parti en petite foulée sur la pente, derrière la colo !
Cruelle pédagogie qui tient d’un autoritarisme sadique, et non d’une éducation humaine !Notre vie avec ses lourdeurs, et excès pour soi et pour les autres, doit-elle de surcroit s’harnacher d’une croix ?
Croix au poids tel que son porteur ne peut même plus disposer de son propre corps, ni choisir sa voie !La vraie croix est tracée au front du baptisé : c’est celle-là qu’il nous fait prendre, pour suivre Jésus !
Une croix tracée de mains d’hommes comme délicatesse et caresse que la douceur de l’huile sainte répand en tout l’être, pour être confirmé dans l’amour d’une mère, d’un père et initié à l’Amour du Père et d’un frère : Christ !Vivre avec Jésus c’est laisser le chemin ouvert, sans entrave ;
assumer la trajectoire qui ne supporte aucun retour en arrière !
Il s’agit moins de parler de Dieu que de vivre avec Dieu !Seule compte la foi :
- qui est engagement, chacun à sa manière sur les chemins des chercheurs de Dieu,
- qui est marche confiance avec Celui avec qui il fait bon chercher le bonheur !
- qui est désir de partage avec d’autre de l’expérience du chemin qui nous lie en fraternité avec le Christ !--------------------------------------------
Évangile (Mt 16, 21-27)
En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. » – Acclamons la Parole de Dieu.
Dimanche 30 Aout 2020