La parole est rude, qui peut l'entendre ?

 

dimanche  22 août 2021 21ème Semaine du Temps de l'Eglise

« Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres » Ephésiens 5, 21

Qu’il est tentant d’abandonner ce texte de St Paul au bord du chemin !

La soumission n’a pas bonne presse dans un monde épris de liberté.
Dans une société où chacun dicte ses propres combinaisons doctrinales, son cocktail de questions-réponses, prétendant à une expertise illusoire, ou, se drapant dans la contestation parfois violente !

 

Cette lettre aux gens d’Ephése (ancienne citée grecque, située dans l’actuelle Turquie.)  se poursuit par « Femmes, soyez soumises à vos maris ! »
A ces mots beaucoup renonce à aller plus loin. Dommage car deux lignes plus tard Paul ajoute :

« C’est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme ! »

 

Paul écrit sans complaisance, dans l’air de son temps.  

A nous de fournir une réflexion, surtout si ces paroles nous dérangent en première écoute !

 

La 1^ière lecture, Josué -successeur de Moïse 1200 ans avant J-Christ met en garde et témoigne :

« S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir... 
Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. »

L’Évangile surenchérit et met en perspective l’échec pastoral :
« La parole est rude, qui peut l'entendre ? » ils étaient suffisamment nombreux à vouloir partir pour que Jésus regarde les Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

Oui la parole est radicale.

On objectera avec raison que tout de même la parole de Paul n’est pas celle de Jésus !

« Femmes, soyez soumises à vos maris, » Jésus ne dit jamais rien de semblable ; ni aux femmes d'être soumises, ni aux hommes qu'ils sont supérieurs.
Au contraire, quand il rencontre des hommes et des femmes de son temps, il contrevient souvent aux codes en vigueur ! Essentiellement il écoute leurs désirs les plus profonds et parle avec chacun !

Il les reçoit et se laisse inviter à leurs tables.
Pensez à la Samaritaine, à Marthe, à Marie Madeleine, à la femme adultère, à la syro phénicienne et bien d’autres encore ! Il apporte libération et non soumission.

 

Saint Paul ne mérite surement pas la réputation de macho que les féministes veulent bien lui donner, c’est le méconnaître ! On ne peut connaître quiconque sur la parole unique, sur un geste unique. Ainsi quand, dans une lettre aux habitants de Corinthe, Paul parle de sexe, il a cette phrase inattendue pour l'époque : 

« Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et de même la femme à son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et, pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est momentanément d’un commun accord, afin d’avoir du temps pour la prière ; puis retournez ensemble. (I Co.ch. 7, v. 1-4)

Et enfin permettez moi de regarder le lieu où s’exprime fortement la tension soumission-démission. Gethsémani, le Golgotha ... Jésus pria, disant:

« Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe (démission) !
Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. (soumission)

« Le message de Golgotha n'est pas celui de la résignation solitaire et silencieuse, mais bien plutôt celui d'une révolte et d'un cri solidaire. » (Laurent Gagnebin)

 

Poursuivant avec ce même auteur : « La foi au Christ crucifié et ressuscité engage, un attachement et un détachement : attachement à ses frères qui nous appellent au secours, à cette terre –don de Dieu– ou se vivent nos amours et nos souffrances ; détachement par ce que l’homme n’est pas réduit à ce qu’il a ou à ce qu’il n’a pas, n’est pas tant un condamné à mort qu’un être gracié pour la vie.<

 

Dimanche 22 Aout 2021

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