Dimanche 30 janvier : quatrième dimanche du temps de l'Eglise.
S'il fallait choisir un nom à ce dimanche nous le déclarerions dimanche de la (bonne) distance !
Distance dans le temps d'abord (Jr 1, 4-5.17-19)
La 1ère lecture de Jérémie remonte au temps du roi Josias, quelque 600 ans avant J.C.« Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ;
avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations.Nous voilà propulsés au-delà du temps, dans la pensée de Dieu, avant même d'exister.
Ô que nous venons de loin !Est-ce à dire que je suis programmé par Dieu pour devenir, prophète pour Jérémie, ou autre chose pour moi ?
Ce "choix prédestiné de Dieu" nous interroge moins sur une privation de liberté que sur le sens de notre vocation.
La question est triple : "Qui suis-je, d'où je viens et quel est mon dessein : projeter vers qui, quoi ?"
Oui je viens de loin et je ne sais pas encore pleinement où je vais ! Hésitant entre des distances vertigineuses.Ce choix d'un Dieu amoureux de moi, avant même que je sois conscient, ne peut que souligner la valeur que j'ai au regard de Dieu : dès lors impossible de penser que ne serve à rien sur cette terre.
Je suis, de fait dans le programme ou logiciel de Dieu c'est à dire dans son intention et sa prévenance ! Je suis aimé de Dieu !
"Si tôt que l'homme pense un peu attentivement à la Divinité, il sent une certaine douce émotion de cœur, qui témoigne que Dieu est Dieu du cœur humain..." ces mots de F de Sales suffisent pour faire naitre la contemplation.
Il y aussi une distance géographique !
Lorsque Jésus revient chez lui dans le pays où il a grandi, spontanément il est bien reçu ! Revient l'enfant du pays. La proximité reprend le dessus ! On admire sa parole, son geste, on lui rend témoignage.
Cela se passe dans la Synagogue : un lieu du retentissement de la parole de Dieu ! Le rendez-vous au puits ! Mais aussitôt on s’étonne. On le sait autour du puits il y a tant de paroles qui circulent et frappent.Car celui qui " est le fils de Joseph" peut-il dire autre chose que ce que l'on a l'habitude de se dire et d'entendre ?
Jésus a grandi. Et manifestement, quand il exprime le fond de sa pensée, ses auditeurs ne le reconnaissent plus, au point de devenir critique, et de le rejeter parce qu'il a perdu le langage de la tribu !La sagesse populaire vient en aide : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. Une distance semblait se combler, au contraire elle s'installe dans une menace qui rejette et bannit.
Voilà, la distance du bannissement qui est rejet, exil, éloignement et condamnation.
Viendra un jour où même ceux qui avaient suivi le Christ en intimité,
renieront, prendront leur distance et trahiront, jusqu'en la solitude du Calvaire !Jusque à quand, jusqu'où ? Alors distance ou proximité ?
En effet jusqu’où irai-je dans mes acharnements, dans mes colères ?
Au lieu de se complaire en plainte, jalousie et ressentiment, soyons capables de tisser des liens d’entraide,
et de trouver de nouvelles formes de partage.Jusqu’où mon indifférence, ma léthargie qui me pousse à dire :
" Hep Seigneur, jusques à quand me cacheras-tu ta face ?"C'est vraiment gonflé ce cri lancé vers Dieu.
C'est pourtant le cri du psalmiste libre de tout dire à Dieu !
C'est à cette condition qu'une nouvelle intimité proximité peut renaître !
Il va falloir vraiment se bouger : bouger c'est exister, dormir c'est mourir !
"Portons la parole pour la faire courir sur les chemins… F de sales est explicite :
« Il faut suivre les lois du monde, puisque on y est, en tout ce qui n'est pas contraire à la loi de Dieu » (XX, 173)
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En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et me dire : ‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. – Acclamons la Parole de Dieu.
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Dimanche 30 Janvier 2022