Il n'est pas rare d'entendre dire, avec parfois un brin d'amertume, que l'on parle plus du Ramadan que du Carême.
S'il n'est pas faux que le traitement du Carême par les médias n’est pas identique à celui du Carême, il y a bien longtemps que le Carême ne constitue plus, contrairement au Ramadan, un fait social.Pas de quoi rentrer en compétition ?
Et ce soir nous sommes ensemble pour parler Carême, mieux pour ouvrir le Carême.
Combien sommes-nous pour ouvrir cette montée vers Pâques : même à petits pas nous sommes en route.En route ... sans se laisser dérouter !
Il ne s'agit pas nécessairement de s'engouffrer sur les premières autoroutes venues ou convenues.
Nous pouvons préférés des sentiers moins empruntés plus discrets et retirés…Jésus étonne ses amis lorsqu'il se retire, parfois sans rien dire, à l'écart, pour le temps du silence et de l'harmonie avec le Père!
Sortir de nos chemins … pour ne pas se laisser endormir, quand les goûts finissent par s'affadir.
Pourquoi le montagnard vise-t-il toujours le même sommet en inventant des voies différentes ?
Pourquoi nous faut-il renoncer parfois à nos chemins expérimentés et sûrs !Jésus étonne-moi encore, lorsque tu te laisses emmener sur d'autres chemins détournés de ta destination. Lorsque tu parles et donnes le pain à une foule désorientée.
Lorsque tu t'arrêtes, des jours au puit de la Samaritaine qui devient un être de désir !
A quoi bon se priver et jeûner à l'appel du Carême?
D'abord pour se priver un jour, en se donnant de connaître et de ressentir en son corps, ce que d'autres ressentent tous les jours dans les privations imposées de nourriture, de liberté, de justice et de paix…
Jeûner ! Il s'agit moins de se priver, de nourriture que de faire naître et grandir en soi un appétit, de trouver ou entretenir le goût de croiser et de marcher, d'écouter et de parler, de demeurer et d'aimer.
Marcher sur le chemin des autres !
On nous a appris à tenir la route ! A ne pas marcher sur les plats de bande de nos voisins !
Jésus étonne ses amis lorsqu'il raconte la parabole du Bon Samaritain : l'homme du 3ième passage !
Le seul passeur ! Rappelez-vous ! Les deux premiers passants… sont passés.C'est le troisième, étranger dans le pays, mais expert en justice et charité… qui s'occupe du blessé.
Au-delà du geste d'urgence il se préoccupe déjà des lendemains,
demandant à l'aubergistes de poursuivre son geste.La solidarité naît lorsque le geste d'aide pérennise la lutte contre le mal.
La solidarité dure lorsque l'on sait associer l'autre, mon voisin et la victime elle même à ce combat qui consiste à redonner des traits de dignité, un visage d'homme, à l'homme blessé.A révéler ou restaurer l'image perdue de Dieu en l'homme défiguré !
L'homme est et restera la première route que l'Eglise doit accomplir. JPII
Alors ce soir permet Seigneur que je me retire pour prier désirant devenir ton intime !
Frère, fais-toi reconnaître partout comme libérateur;
Établis le règne de l’amour;
Puisque ta volonté n’est pas faite,
Nous voici pour l’accomplir!
Donne à tous la nourriture du corps, du cœur et de l’esprit,
Et sers-toi de nous pour cela.
Que ton pardon nous libère et nous pousse à libérer.
Ne nous conduis pas dans l’épreuve,
Mais délivre-nous du mal que nous faisons, et de celui qu’on nous fait.
Car c’est à toi qu’appartiennent pour toujours la tendresse et la beauté du monde.
-L’évangile autrement par Roger Parmentier (1977)Mercredi 2 Mars 2022