Dimanche 25 septembre 2022, 26ème Semaine du Temps de l’Eglise
Petit berger de Thécua près de Jérusalem, il y a vers 2800 ans Amos, qui vivait dans une époque de prospérité et de luxe, se laisse aller, avec une énergie foudroyante :
« Bande de vautrés ! »
Cette semonce traverse les 2800 ans qui nous séparent de lui, percutant notre monde, notre vie, notre Eglise !
Nous sommes en alerte -ou devrions l’être- face à la corruption, la vie dissolue, l’injustice et les idolâtries !
Allons-nous encore supporter les inégalités sociales qui défigurent son siècle !Ce que le prophète réclame c’est un supplément d’âme, une sobriété renforcée, acharnée !
Et Jésus dans cet évangile, en met une couche :
« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Et devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, ulcéré.
Deux mondes qui ne communiquent pas : richesse contre pauvreté !Par contre il y a 2 manières de parler de pauvreté, dans la bible, et dans le monde, la pauvreté comme un combat, ou comme un idéal : cela nous fait hésiter !
** D’abord la pauvreté est un scandale, elle contredit l’Alliance, et nécessite une lutte acharnée contre elle,
alors que la richesse est une bénédiction ! ( pensée que nous trouvons dans les textes de sagesse ou de Loi dans l’Ancien Testament, ainsi que dans les Actes et dans Paul…)** Autre perception, la pauvreté est un idéal, une condition privilégiée des chercheurs de Dieu.
Ici le scandale passe du côté de la richesse !
C’est la ligne des prophètes du premier Testament, et de Jésus avec ce retentissant « heureux vous les pauvres ! » c’est la pensée de St. Jacques et sa suite celle de St Benoît, St. François d’Assise…Ayons l’espérance du Christ : Dieu renverse les puissants, il renvoie les riches les mains vides, il élève des humbles, et nous invite à le faire avec lui, pour toujours.
Probablement qu’il n’y a pas que les autres qui se vautrent aux dépens de leurs frères ! Moi aussi...
- je peux me vautrer dans ma suffisance, de sachant, de possédant, au risque du mépris de l’autre !
- je peux me vautrer dans mon arrogance, comme un chauffeur qui se croit seul sur la route,
- je peux me vautrer dans un confort bâti sur mon envie et fantaisie qui me fait vouloir, coûte que coûte, tout, tout de suite, au détriment de l’autre.
- je peux me vautrer dans ma religion, dans « mon église » dans ma « chapelle » ...
Ce qui, inéluctablement aboutit à imposer aux autres sa part de vérité !
- je peux me vautrer dans le matérialisme qui masquent si vite toute quête de spirituel !« Se vautrer » devient, au-delà de l’intimidation, un indicateur d’excès qui se termine toujours par la domination de l’autre.
Il y a quelque chose de mensonger : se vautrer, littéralement, se coucher et rouler par plaisir son corps dans une position abandonnée, n’est-ce pas tout le contraire de l’action, l’enfermement dans la vie tranquille ?
Sans compter que rouler veut aussi dire, tromper ou voler !
En définitive notre société aurait bien besoin de l’énergie d’Amos pour pointer les excès,
d’abord en nous, puis autour de nous !Pour ce temps de rentrée pastorale, il est heureux que nous soyons entre table et porte, entre pauvreté et richesse, pour que naisse l’intimité de Dieu dans nos vies personnelles et communautaires
et pour que grandisse la familiarité tout ce « qui fait partie de la maison, de la famille » pour que l’unité progresse évitant que l’actions des uns effacent l’action des autres !
Pour cela je parie sur l’écoute et l’échange, pour toucher à l’émerveiller les uns des autres !
Avec une énergie foudroyante nous pouvons aspirer à devenir une bande de vautrés ... de l’émerveillement !
--------------------Évangile (Lc 16, 19-31)
(En ce temps-là)
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Jésus disait aux pharisiens :« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères.
Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : ‘Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.’ Le riche répliqua : ‘Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !’ Abraham lui dit : ‘Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.’ Abraham répondit : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.’ » – Acclamons la Parole de Dieu.
Dimanche 25 Septembre 2022