dimanche 17 septembre 2023 24ème dimanche du Temps Ordinaire
O qu’il est redoutable de parler du pardon !
C’est un peu comme le geste du guérisseur qui s’aventure à toucher à la plaie encore à vif !
Cela fait mal ! Alors approchons en douceur …
Pierre dans sa générosité propose le pardon jusqu’à 7 fois : mieux que dans le judaïsme...
Symboliquement voilà un pardon qui a caractère de perfection !
Et pour compter sur ses doigts « jusqu’à 7 fois » les deux mains sont nécessaires : pas une main de libre pour faire le poing et frapper vengeance !Jésus va au-delà, il propose 70 fois 7 fois... autant dire indéfiniment !
Si Pierre compte Jésus ne compte pas … Ce n’est pas une question de quantité mais de qualité.
Associons 2 mots qui se percutent : « Pardonner et Patience » ils ont en commun le temps présent !La patience c’est le temps respecté, le temps pris pour laisser grandir un désir, aiguiser l’appétit de l’Amour, et l’entretenir. C’est le temps donné à la lente conversion !
C’est l’Amour qui grandit comme grandit imperceptiblement et patiemment l’arbre qui plante profond ses racines et étend loin ses branches…
Le pardon c’est le don différer, non immédiat, car un obstacle l’empêche, retient l’élan de générosité.
Donner c’est plus ou moins facile, surtout si l’on donne avec espoir de retour ou si l’on donne de notre superflus, de nos restes !Mais pardonner c’est franchement plus difficile car il nous faut donner par delà « par-donner » par dessus l’obstacle majeur, par delà la blessure.
Le pardon se dit souvent à travers l’impossible : « je ne pourrais jamais pardonner »
Et la souffrance est ainsi décuplée par le refus d'aimer.Trop souvent on fait du pardon une manière de violer le temps, comme si pardonner effaçait le passé et la mémoire.
L’évangile nous propose un chemin de miséricorde qu nous donne d’oser aborder la mémoire.
Tout pardon est un long temps de patience et de deuil.
Pardonner c’est accepter de mettre en vis à vis 2 réalités qui nous bouleversent : la parole radicale de Jésus : « Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père céleste ne vous pardonnera pas non plus» et en même temps la blessure toujours vive d’une offense, souffrance et parfois d’une atrocité…
Lorsque l’on nous demande pardon main tendue ce temps apparaît une éternité,
tellement la lutte est âpre pour réaliser le geste le plus pénible de sa vie.Pardonner, moins qu’un devoir à accomplir ou une consigne à respecter ,
est surtout une expérience à vivre au quotidien !
Ceux qui ont pu pardonner à leurs anciens ennemis ont repris leur place dans le monde.
Ceux qui ont nourri des rancunes sont devenus bien vite des invalides.En fait le pardon n'est pas affaire de sentiments… mais bien plus un acte de volonté.
Dans l’attente et la patience du pardon, la prière accompli un travail : « Jésus. viens à mon aide » -
Alors quand les mains se joignent, quand les regards se croisent à nouveau , les corps et les cœurs sont submergés par la chaleur et les larmes.
C’est l’expérience de connaître intensément la tendresse et l’Amour de Dieu
Oui il peut nous arriver d’essayer mainte fois de pardonner sans y arriver
Mais ce que nous ne pouvons ne pas faire dans la patience l’Esprit de Dieu l’accomplira !--------------------------------
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 18, 21-35)
Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois.En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent).
Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.'
Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : 'Rembourse ta dette !'
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : 'Prends patience envers moi, et je te rembourserai.'
Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé.
Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : 'Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié.
e devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?'
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il ait tout remboursé.C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »
Dimanche 17 Septembre 2023