30ième dimanche du temps de l'Eglise
Cette parabole nous propose 2 personnages… et nous ne voulons rassembler ni à l'un ni à l'autre !Le pharisien nous semble trop pur, trop dur, trop sur, détenteur de l'unique vérité !Le publicain collecteur d'impôts aurait notre faveur si son revenu régulier, assuré n’était pas plus ou moins illégal !
Si cette parabole trop connue risque de nos endormir, transformons la une fiction sur le thème : « quand certains hommes convaincus d'être justes méprisent les autres ! » : une actualité déconcertante ! Quand la juste fierté se mute en orgueil insolent, quand le légitime souci de soi se change en égoïsme, il devient impossible d’entendre l’autre, son cri, son manque !
Pour notre fiction, organisons le casting et demandons aux auditionnés de se «Mettre en prière ! » Le pharisien monte sur les planches ! Belle allure, homme de convictions, respectable, fidèle à la loi de Moïse : à peine ascétique, il se tient là, droit comme le « i » de prier, sûrement avec l’accent du merci à Dieu ! Parfait !
C’est au tour du publicain ! Il hésite ! Peu aimé, ce collecteur d'impôts de l'occupant a un sacré handicap !
Sa position nous fait plus envie que pitié ! Il se tient à distance, à part, sans lever les yeux, se frappant la poitrine comme s’il avait honte de lui, recroquevillé dans une mystérieuse prière de pardon: "prends pitié de moi pécheur!"
Le résultat du casting est sans équivoque, le publicain l’emporte : c’est lui que nous préférons !
- Normal car il est plus aisé de se comparer à un minable sans envergure et voleur !
- Normal, car tout le monde le sait : les pharisiens sont tous des hypocrites avec leur tonne d’orgueil !
Mais du coup nous nous retrouvons du côté du perdant : je veux dire du pharisien.
Que cette parabole a dû faire grincer des dents à l’auditoire de Jésus ! On entend chacun pester :
« Bien sûr, on ne donne qu’à ceux qui en ont déjà plein les poches ! »
« A ceux qui n’ont pas de mérite, pas de résultats et qui se lèvent tard et ne travaillent pas ! »
« Il a beau jeu de se frapper la poitrine, en disant : 'Mon Dieu, prends pitié!' »
Le publicain sait que son métier de collecteur d'impôts fait de lui un pécheur public…
Il manipule beaucoup d'agent, et c'est tentant et il est en contact avec les païens, les impurs…
Le pharisien au contraire a bonne conscience, pratique les 10 commandements, et en matière de jeûne il fait mieux que ne l'exige la loi, et paie plus que la dime ! Parfait !
Pourtant tout se gâte quand le pharisien se met à se comparer aux autres, par le mépris !Certes il prie en lui-même ’’Je ne suis pas comme les autres!’’ mais ce type de mépris finit par toujours transpirer !
Dieu ne supporte pas le mépris, qui consiste à dévaluer l'autre,
- lorsque je l'ignore, lorsque que je le considère comme sous-homme
- lorsque je me hisse moi-même tellement haut que je crois être le meilleur et le plus puissant.
Cette parabole est la parabole du "respect" !
Pas ce respect convenu et conformiste… qui mesurerait mon degré de perfection à mes actions : aller à la messe le plus possible, signer des pétitions et défiler pour les plus nobles causes, lire la Croix ou la Vie, m’opposer aux CRS qui délogent les ROM, inviter Monsieur le curé une fois l'an comme je me confesse….Le respect est le contraire du mépris qui considère l’autre comme rien ! Mortel !
Le re-spect…(spectacle) = regarder : c’est ce double regard,
Le respect nécessite que l’on regarde l’autre pour le considérer : je le regarde quand je le croise et je me retourne pour « regarder en arrière » et mieux le percevoir, autrement dit respecter c’est regarder à deux fois !Du respect, naît admiration et contemplation: cela met en route la chant des merveilles !
Le respect appelle l’action d’aller jusqu'au bout de la différence, à l'altérité: passer du je au tu, du moi aux autres.
Le respect est la dynamique d'amour entre Dieu et l'homme. Le sera-t-il en l’autre sens ?Pour Dieu c'est l'intérieur qui l'emporte ! Nos œuvres viennent à naître du dedans !
On ne reforme pas le cœur de l’homme en commençant pas l’extérieur il nous faut faire naître l’extérieur de l’intensité intérieure de notre vie !
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc(Lc 18, 9-14)
Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain.
Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : 'Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.'
Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : 'Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !'
Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »Vendredi 28 Octobre 2016