1ier dimanche de Carême
Nous voilà, ce jour dans l’Evangile, juste après le Baptême de Jésus quand les cieux s’ouvrirent !
Laissant retentir cette fabuleuse parole d’Amour : « Tu es mon fils bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour !
Alors quels mots trouver, ciseler, pour répondre à cette foudroyante déclaration d’Amour ?
Comme Jésus fut conduit au désert, poussé par l’Esprit, pour jeûner 40 jours et 40 nuits,
nous aussi, entrons en quarantaine pour retrouver l’usage de la parole !
Carême ou désert sont les lieux qui nous mènent à l’enfance de la parole, pour retrouver le poids du oui et du non !Autour de nous, nos contemporains glissent le carême dans la case religion: « un truc de chrétien. » Affaire classée !
C’est le signe que l’on ne sait plus ce qu’est le carême que l’on voit comme un lointain souvenir d’austérité, de restriction et de renoncement ; on se dit : « Carême c’est se priver de tout ! »Désolé mais le Carême n’est pas l’austérité morbide, seulement une sobriété qui s’oppose aux voracités de nos vies personnelles ou sociales.
Non, le Carême n’est pas non plus ‘un truc’ de chrétien !
Pour les chrétiens, les musulmans et les juifs le jeûne participe à un même mouvement sans doute vécu différemment en Carême, Ramadan ou Yom Kippour.
Ancré en humanité, le jeûne est une pratique ancestrale qui est aussi proposée aujourd’hui dans un but thérapeutique ou médical : jeûner c’est bon pour la santé disent des nutritionnistes !Pour les chrétiens une chose est sûre : le Carême est une pratique religieuse ou spirituelle, sans bruit, à huis clos, un temps de pratiques intérieures : de conversion des cœurs, qui nous permet d’articuler notre volonté à celle de Dieu le miséricordieux.
Il s’agit de retrouver le bon sens, derrière la porte de la maison, dans le secret ! Voilà un temps où l’on s’assoit, une mise en quarantaine volontaire pour affiner ta relation à l’Evangile, réinscrire ses gestes en ceux du Christ. Rien de spectaculaire. Sinon qu’entrer en Carême s’est, derrière la porte de sa chambre, dresser un bouquet de 3 fleurs de l’agir chrétien: Jeûner, prier, partager.A Noël on fait une crèche ; et si nous composions, en famille, un bouquet de 3 fleurs de Carême ? Chacun a sa façon.
Je vous propose même, une fois la compo réalisée, de la contempler ensemble, de la prier ensemble et d’en faire une photo et un petit texte... à partager internet nous le permettra !Mon bouquet personnel a pour 1ière fleur, le myosotis, cette herbe d'amour, aux petites corolles qui nous dit de savoir nous contenter de peu, pour ranimer le plus ! Sa forme nous emmène déjà à la table du Jeudi Saint parsemée de graines d’Amour !
Jeuner participe à notre quête d’amour vraie et répond aussi, à l'inquiétude de ne plus être aimé.
Ma 2ième fleur : le Coquelicot, car il dit en même temps une fragilité et une ardeur ! Sa couleur nous prépare à Vendredi Saint ! C’est bien de cette Ardeur fragile que naît l’Aumône : servir Dieu en servant l’homme en tendresse et dévouement.
Et là du coup nous nous disons que le carême a quelque chose à dire au monde, à l’homme... même dans notre pays à l’idéal de laïcité !Ma 3ième fleur : le lys qui fera de notre carême un temps de prière pour redonner un peu d’élan et de hauteur à notre vie ! Elan qui nous propulse vers Pâques !
« La belle fleur de lys, qui a six feuilles plus blanches que la neige, et au milieu les beaux martelets d’or de la sagesse, qui poussent en nos cœurs les goûts et saveurs amoureux de la bonté du Père notre Créateur, de la miséricorde du Fils, notre Rédempteur et de la douceur du Saint-Esprit, notre Sanctificateur. » TAD XI,15
Et enfin le Carême est aussi un temps de pratiques extérieures où nous apprenons à discipliner nos relations avec les autres, avec la réalité extérieure, pour un monde plus juste, plus fraternel, plus empreint de bonheur : et de cela le monde a tellement besoin !
Nous voulons un Carême de Partage qui parle au monde et lui apporte meilleure distribution et plus de fraternité. Par le Carême nous participons à la fierté retrouvée des peuples debout, qui prennent de multiples initiatives pour aller en avant !
Nous voulons un Carême de ténacité qui parle au monde et lui apporte cet ancrage dans une volonté de résistance forgée à l’Évangile, invités à dire « non à une économie de l’exclusion... non à la nouvelle Idolâtrie de l’argent... non à la disparité sociale qui engendre la violence » (Joie de l’Evangile § 53 à 59) ... Bon Carême !
Évangile
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 4, 1-11)
En ce temps-là,
Jésus fut conduit au désert par l’Esprit
pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits,
il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte,
le place au sommet du Temple
et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu,
jette-toi en bas ;
car il est écrit :
Il donnera pour toi des ordres à ses anges,
et : Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui déclara :
« Il est encore écrit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne
et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit :
« Tout cela, je te le donnerai,
si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit :
« Arrière, Satan !
car il est écrit :
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras,
à lui seul tu rendras un culte. »
Alors le diable le quitte.
Et voici que des anges s’approchèrent,
et ils le servaient.
Dimanche 5 Mars 2017