Etat d’âne

Prémisse. Quelle est donc cette fantaisie rustaude qui traumatise notre crédibilité ?

Je perçois déjà des nez qui se tordent plus ou moins, des yeux qui, par rafales, crépitent de points d’interrogation, des langues qui persifflent : « Quelle horreur ! Ce n’est pas digne de l’Eglise. » « Non c’est du vrac, du toc, du tas. Du tas de quoi ? On ne sait pas trop : bang, langue de bois, bois mort, tas de bois.»

En simulant une personne sotte et ignorante, on approche la sculpture que l’artiste ose dévoiler : un âne, obstiné, en chemin entre mensonge et éloge, carence et histoire.

Un âne ?

Un âne, oui. Et ce ne sont pas seulement les sens qui parlent, mais un univers parallèle qui nous transporte aux lisières du sensitif et transgresse le temps et l’espace qui se dilatent et se mêlent !

Quel est-ce donc cette figure ?
L’âne de Qumran...

La légende de Qumran, (1947-1956) retrace la découverte étonnante d’une grotte alors qu’un bédoin recherchait une bête égarée. Probablement une chèvre ; il n’en demeure pas moins que les bédouins s’assuraient des services de quelques ânes ! N’oublions pas que ces nomades du désert, savaient vivre de ce qu’ils trouvaient sur leur chemin, aux creux de leurs conditions de vie ! Et qu’un âne fut le bien venu pour porter des cuirs, des jarres et ces fameux rouleaux de la Loi, découverts au secret de la cavité et promis à un marché fructueux !

Voilà donc à dos d’âne, des rouleaux de la Loi d’amour sortant de leur grotte pour percer au grand jour.

Car oui l’âne fut chargé de la parole exhumée : elle fend le jour.
Et la parole, comme emmaillotée, est douce, souple et fragile comme la laine ?
Oui la parole brode déjà des mots, des sentences, des histoires.

Oui la parole franchit le jour à dos d’âne, jusqu’au grand jour de la Croix !
Le grand jour, le beau du jour, du jour unique... pourtant devancé par un autre jour, lui aussi beau, prometteur, lumineux. Un jour qui vous rallume, en foi, espérance et amour.
Un jour où tout est permis où il y a là, le peuple, une foule et un âne.


L’âne traverse la foule armée de branches complices, d’olivier et de palmes !

Manifestement c’est un grand âne !

Souvent ce n’est pas un compliment... Ici c’est tout le contraire.
Non il n’est pas triomphant, seulement fier, l’âne de Qumran qui est devenu grand, par nécessité ; il ne s’y attendait pas. Il est devenu grand quand il s’est rendu compte, dans les rues de Jérusalem qu’il portait un roi. Rendez-vous compte un roi !
Si ses chevilles n’ont pas enflé. Ses pattes se sont soudainement rallongées pour porter le roi haut, qu’il soit vu de tous. Il fallait aussi que posé sur son dos, le roi entende la clameur de la foule : “Bienvenue ! Joie, Béni soit le Roi d’Israël !”

Quelle fierté pour lui de porter un roi alors qu’il sortait tout juste des pattes de sa mère!
Un vieil âne aurait été récalcitrant à traverser le foule, à porter un roi si jeune, vous vous rendez compte ?

Sans vous offenser, mettez-vous à la place de l’âne !
Que sentez vous au moment où il grimpe sur votre dos et que vous le portez sur vos épaules ? Surement, cet homme n’est pas ordinaire. Vous voilà touché par une grâce particulière, en légèreté et gravité.

Que le chemin est long, d’étape en étape. La piste de l’âne qui porte la parole de Qumran. Le passage de l’âne qui porte au regard de tous Celui qui traverse Jérusalem jusqu’à son sommet odieux. Et enfin la perspective de l’âne chargé de sept paroles douloureuses et bienheureuses, maraudées pour toujours dans leur tube véritable capsule temporelle.

Sept paroles, témoins de Jérusalem et du Mont des Amants, destinées à être ouvertes chaque jour encore.

1ère parole :  « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font. » Luc 23:34

Le pardon géant ! Mon souffle est court !
Quand l’adversité nous domine, quand l’obstacle est trop important savons-nous lever les bras, prier pour ceux qui nous font souffrir. Nous hausser pour l’essentiel, pour donner le meilleur de soi et pardonner ?

2ème parole : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » Luc 23:43

Bringuebalant, tout en souffrance, ne tenant plus vraiment debout, notre regard troublé est-il encore capable d’opter pour le beau : de croire et espérer en la promesse de Dieu, une terre nouvelle, un ciel nouveau ?

3ème parole : « Femme, voici ton fils », « frère » voici ta mère ».  Jean 19:26-27
Au pied-même de la croix jaillit une parole de maternité !

On peut penser que Joseph un jour conduisit l’âne à Bethléem. Et Marie se laissait porter, enceinte.

On peut penser que Joseph un autre jour conduisit l’âne depuis Bethléem. Et Marie et son enfant se laissaient porter.

Voici une nouvelle maternité à offrir à tous les hommes.

« Voici ton fils, mon frère » et à ce fils, « voici ta Mère, notre Mère. »

4ème parole : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné? » Matthieu 27:46

Cri déchirant au sommet d’une colline appelée «le crâne» 

Il y a quelque chose de ténébreux, angoissant, interrogateur.
Un moment où à l’extrême chaque part de soi-même se disloque, les liens jusqu’alors imperceptibles se dessinent comme de dramatiques bouts de ficelles prêts à rompre. Et les ténèbres s’amplifient.

Ce cri est détresse. Pourtant « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » fait remonter en lui ces mots d’Esaïe (49:15) : « Une mère peut-elle oublier son enfant ! Et si elle l'oubliait, moi je ne t’oublierai jamais. »


Quel supplément d’amour, s’inscrit-il en cette 4ième parole, centrale : Jésus s’abstient à cette heure de paraître comme le Fils éternel devant son Père. Il sait qu’il en coute à un Père de voir mourir son fils ;  alors il se contente de se tenir comme un homme qui interroge Dieu.

Pourvu que nous, dans la solitude nous n’en venions pas à oublier Dieu !

 

5ème parole : « J’ai soif » Jean 19:28
En deux mots, voilà l’âne qui revient : « Nul ne peut faire un âne boire, si ce n'est quand il a soif. »  

La soif s'accroit plutôt par le désespoir que par le besoin de boire.

Jésus, un humain … jusqu’au bout.

Sans apport d’eau on ne peut espérer vivre plus de trois jours !
Juste le temps pour ressusciter : le 3ème jour. Je Crois !

Tout commence, recommence quand l’espérance fleurit.

6ème parole : « Tout est accompli. » Jean 19:30

Jésus est allé jusqu’au bout, il n’a même pas eu le temps de boire.
Tout par amour. « Tout est accompli. »  Ce ne peut être qu’un cri de victoire !

Tout est accompli mais tout reste à faire ! L’ouverture est réalisée. Jésus a fait naître une génération nouvelle : notre génération. Elle est devant une porte qui a été ouverte pour elle.

Libre est le passage, robuste de foi, d’espérance et d’amour : à la porte du vaste pays : le Royaume de Dieu.

7ème parole : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Luc 23:46
Si Dieu n'a pas voulu la mort de Jésus, mais qu’il l’a subie, éprouvant la peine qui va avec,
si Jésus n'a pas voulu mourir, mais qu'il a subi les angoisse et les souffrance dans la mort,
cet ultime terme « je mets mon esprit entre tes mains » devient paix, lumière, vainqueur du mal !

Cette lumière est une parole d'homme qui regarde son Dieu ?
Cette parole est définitivement parole d’un fils qui parle à son Père !

Épilogue. Je perçois maintenant des visages qui s’éclairent plus ou moins, des yeux qui sont remplis de traits d’union, des langues qui enfilent le pas : « Osons changer de regard, voilà un âne qui brait ?

Son hi-han revendique l’humilité, l’humanité et à la vie qui porte et qui est portée à son apogée éternelle. »

Quelle était donc cette fantaisie rustaude qui traumatisait notre crédibilité ?
Un âne, l’âne de Qumran, il me fait pâlir ou il finit par m’éblouir, s’il est parfois difficile d’entrer dans le regard des autres, maintenant il parle au cœur. 
Simplement, tout de go : « Bravo l’artiste ! »    Thierry Mollard

La sculpture : Elisabeth D'ALAYER

 



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