La bonté peut triompher du mal ! Yonathan

La bonté peut triompher du mal !

Par courriels en rafales, ont afflué des messages demandant « que l’on puisse prier pour le Père Jacques Hamel et pour ses assassins lors des célébrations dans les paroisses. Que l’on est à cœur de prier pour lui, pour sa communauté paroissiale, pour ses meurtriers et aussi pour la paix et la fraternité dans notre pays. » Pour le chrétien l’événement vécu ne serait-il pas naturellement porté dans et par la prière ? Et si de diverses confessions, un jour particulier, on s’invite pour prier ensemble que cela soit des prémices, une promesse de bien d’autres hospitalités !

Il est vrai que l’horizon, après chaque attentat, se remplit du flot des mots : invitations, dénonciations, vitupérations, récupérations, au point qu’il est difficile d‘entendre des paroles d’humanité née au cœur du malheur ! Prompts à pointer du doigt les responsables qui peinent à empêcher le terrorisme, savons-nous aussi prier pour et peut-être avec, celles et ceux qui sont en charge de la sécurité et de la conduite des affaires et qui sont des hommes et des femmes, certes politique, mais pas sans un cœur ; ils doivent aussi vivre de vrais cauchemars ! Depuis le début de l’année 2016 il n’y eut pas moins de 68 attentats djihadistes dans le monde qui ont fait 1825 morts et beaucoup plus de blessés ! Rien qu’en juillet 2016 on dénombre 566 morts au cours des 12 attentats aux 4 coins du monde !

Pour le chrétien l’événement vécu est bien sûr porté dans la prière mais aussi dans la confrontation à l’Evangile qui nous suggère de prier mais aussi de veiller.

Je ne crois pas à la litanie de la prière qui demande à Dieu de faire ce que nous ne savons, pas faire, ou que nous négligeons ! Nous devons nous rendre compte que ce sont les humains qui créent les problèmes, la violence, le terrorisme et qu’il est délicat de demander à Dieu de les résoudre. Nous devons veiller à devenir comme ces humains courageux qui essaient de semer le bonheur au lieu de la terreur ; nous sommes tous interpelés à devenir des veilleurs !
Pourtant je crois au pouvoir de la prière ! Car lorsque nous nous trouvons au pied du cercueil, quelque soit la manière dont-il a été refermé, nous nous tournons vers la divinité, qui ne peut-être parfois qu’une source ténue de vie ; une chancelante virgule de lumière qui entretient l’espérance ! Nous ne pouvons continuer la route les yeux et la tête baissés !

Devant l’épouvantable, la prière devient pour moi, l’obstacle bienfaisant qui empêche les portes de se refermer sur moi ! La prière me tourne naturellement vers Dieu, vers le monde et vers l’autre, les autres même vers ceux qui ne sont pas ‘aimables.’ La prière ne réclame la mort de personne mais bien la paix pour tous : victimes et leurs proches, tous ceux et celles qui sont touchés, les agresseurs et leurs proches. L’humanité aspire à vivre dans la paix.

La prière est une manière de relier une personne, un événement, en humanité et en épreuve, dans la patience (ou l’impatience !) de Dieu.

« Priez toujours comme si l’action était inutile et agissez comme si la prière était insuffisante ! » dixit Ste Thérèse. Autrement dit nous ne pouvons pas régler les problèmes seulement grâce à la prière , encore faut-il acquérir de la bonté, devenir bon, ou en tout cas meilleur !

Roger Schutz le disait avec force « Lutte et contemplation ont une seule et même source le Christ qui est Amour ! » Si tu pries, c’est par amour. Si tu luttes pour rendre visage humain à l’homme exploité, c’est encore par amour. Te laisseras-tu introduire sur ce chemin ? Au risque de perdre ta vie par amour, vivras-tu le Christ pour les hommes ? »

Le philosophe Paul Ricoeur, à qui l’on demandait ce qu’il venait chercher à Taizé, répondait : « la preuve que la bonté peut triompher du mal. » « Nous sommes accablés par les discours, par les polémiques, par l'assaut du virtuel qui, aujourd'hui, créent comme une zone opaque. Or la bonté est plus profonde que le mal le plus profond. Il nous faut libérer cette certitude, lui donner un langage. Et le langage donné ici, à Taizé, n'est pas celui de la philosophie, ni même de la théologie, mais celui de la liturgie. et pour moi, la liturgie, ce n'est pas simplement une action mais une pensée. Il y a une théologie cachée, discrète, dans la liturgie, qui se résume dans cette idée que "la loi de la prière, c'est la loi de la foi. »

Le : Mardi 2 Aout 2016

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