02 avril 2017
Les chrétiens vont relire l’histoire de Lazare. (Évangile de Jean 11, 1-45) Voilà une histoire qui mérite d’être lue et relue par tout le monde car elle nous fait flirter avec nos limites.
Nous avons la chance, en nos pays de Savoie, de côtoyer la montagne qui aujourd’hui est l'un des derniers lieux "inaccessibles," ce qui la rend fascinante, car ici nous atteignons ce lieu préservé, unique, où nous sommes, bien sûr, juste de passage : d’ici on distingue la courbure de la terre[1]... et ressentons les frissons du ciel.
L’histoire de Lazare est trop belle. Pensez-vous, voilà un mort qui revient à la vie ! Imaginez un être cher qui reprend le fil de la vie comme après un banal sommeil : un réveil matinal! Ne nous trompons pas il ne s’agit pas d'une résurrection, en tout cas pas une résurrection identique à celle du Christ, qui renaît à une Vie Nouvelle, ce que nous célébrerons prochainement à Pâques ! Lazare nous fait juste signe, il nous donne une piste vers une réalité qui n’est pas encore là et qui nous est terriblement difficile à envisager : celle d’un chemin ininterrompu de Vie.
Nous sommes des êtres de chair et de sang ... C’est pour cela que la mort est une épreuve, quand le sang coule ou au contraire quand il arrête d’irriguer. Nous sommes aussi des êtres de l’Esprit qui passons le plus clair de notre temps à tisser des liens donnant libre court à l’Amour, aussi en un instant, quand le souffle nous quitte, tout semble s’interrompre brutalement, lié par la mort !
La perte de l'être cher est une épreuve, une énorme question qui fait irruption quand le fil de la vie semble rompu, une question née d'un conflit où s'opposent « l'amour qui porte à l'attachement et la mort qui est séparation..."
Comment allons-nous passer de l’emprise subie de la chair et des sens, à l’emprise désirée de l’Esprit qui nous fait nous tourner résolument vers la plénitude de la Vie et de l’Amour.
Nous avons besoin, tellement, d’entendre quelqu’un dire à notre propos : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
La terre est fermée, la pierre est roulée :
Pleur, accrocs de la vie, chemins perdus
Loi nouvelle aux chemins des corrompus !
Et voici l’Homme, l’Homme généreux
Qui délie et laisse aller courageuxQuelle est cette braise ardente de joie
Déposée par ton Dieu au fond de toi,
Et qu’aucun vent ne pourra éteindre ?
Laisse-toi changer encore sans craindre
Aux fragments de la Parole d’aujourd’hui
Au souffle délicat d’Esprit sans bruit.
Désire tellement d’un grand désir
Ce Dieu qui t’est donné en avenir ![1] Jean Christophe Lafaille , "Journal expérimental Oct 96
Le : Samedi 1 Avril 2017
Dans la rubrique : Billet de la semaine