Il y a 35 ans, un premier mai, quelques brins de muguet aux grappes de clochettes très odorantes accompagnaient silencieusement les mouvements du jour : défilé le matin, procession le soir !
Un chemin s’initiait ; encore fallait-il en trouver le bon sens commun. ([1])Ce jour il fait bon parler ainsi du chemin, alors que ce dimanche nous est proposé le fameux Chemin d’Emmaüs et que demain je serai amené à relire 35 ans de chemin presbytéral.
Le symbole est là comme lorsqu’on traverse la vie avec les mains de Dieu par lesquelles il fait toutes choses ; l'une et sa miséricorde, l'autre est sa justice (F de Sales serm2 p.61). La miséricorde nous fait choisir le bien, la justice nous fait fuir le mal, et la bonté de Dieu se communique par ces deux mains, en une unique bonté !
Il y a 35 ans, la devise du jour s’affichait sur la rive de la mer du monde : « L'homme est la première route que l'Église doit parcourir. » Parole qui allait devenir quotidienne.
« L'homme est la première route que l'Église doit parcourir en accomplissant sa mission: il est la première route et la route fondamentale de l'Église, route tracée par le Christ lui-même, route qui, de façon immuable, passe par le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption » (JPII - 1979 - RH 14)
L’homme est la première route, la route fondamentale de l'Église, route tracée par le Christ qui nous dit : « En marche, en avant ! » ([2]) J’allais dire c’est le bon sens, le sens commun : nous ne sommes pas sur le chemin pour autre chose que cheminer !
Le sens commun ne peut d’aucune manière nous faire refuser l’autre ! Au contraire il ouvre portes et frontières à celui qui m’est étrange ou étranger pour aller et venir les uns aux autres, parfois en douceur parfois violenter par les vicissitudes de la vie opprimée. Le sens commun est frappé du sceau de l’altérité dit que l’autre est incontournable, « in-altérable » ([3]) … dans la visite réciproque et le vivre ensemble juste et équitable.
Le sens commun consiste à partager ! Tout le contraire, de tout ordonner à notre égoïsme, personnel, communautaire ou national, à ce confort qui empêche de se laisser déranger par qui frappe à notre porte.
La bible nous questionne : « Une mère peut-elle oublier son enfant ? » ([4]) Non ! « Suis-je le gardien de mon frère ? ([5]) Oui ! Jésus le signifie à chacune des rencontres de l'Évangile... Et ce n'est pas une question de rang ni de sang car nous sommes tous fils et filles d’un même Père !
Ma place est sur ce chemin de fraternité et non pas bien calfeutrer derrière le rideau tiré, la fenêtre occultée par le volet baissé, à ressasser nos nostalgies meurtrières qui nous rendent incapables d’oser, de créer de se risquer !
Pour celui qui traverse la vie avec les mains de Dieu pour lui prêter main forte, le sens commun veut que l’étranger soit l’accueilli, que celui qui est nu, malade, affamé soit habillé, soigné, nourri.
Que la famille soit la famille selon l’Esprit plus que selon le sang, une famille selon le cœur de Dieu.
Le sens commun consiste à « se faire tout à tous ! »
Le sens commun, du chemin, nous fait miser sur la beauté du monde que le créateur nous a donné et de la mission reçue d’en entretenir son éclat, sa diversité, tellement nous sommes différents ; c’est cela qui fait son harmonie.Le sens commun est chanté par Saint Paul dans son hymne à l’amour, et chez F. de Sales qui dit : « Tout par amour rien par force » car « Tout est à l'amour, en l'amour, pour l'amour et d'amour en la sainte Eglise. » ([6])
[1] Toute ressemblance avec une organisation ou des personnes existant serait purement fortuite.
[2] Toute ressemblance avec une organisation ou des personnes existant serait purement fortuite : il s’agit des mots clés d’un chemin de Béatitudes !
[3] Le bon mot de Virgile Barraud
[4] Isaïe 49, 15.
[5] Genèse 4-9
[6] Préface du TAD
Le : Dimanche 30 Avril 2017