Quand deux ou trois sont réunis ....
Il était une fois une grand-mère. Elle vivait maintenant seule !
Sa joie consistait à accueillir son petit-fils, Andreï.
Ce jour-là elle il était venu la voir : tous les deux, ils se racontaient des histoires. Enfin, c’est surtout grand-mère qui parlait, de sa vie autrefois :« Tu sais nous étions heureux tous les trois, ton papa, ton grand-père et moi.»
L’enfant posait des questions en rafales et les réponses de sa mamie lui faisaient briller les yeux.Lui, ne se sentait pas de raconter sa vie, tellement il l’a trouvait nulle, devant les histoires merveilleuses de sa grand-mère ! Et puis il se sentait terriblement seul. Au fond de lui-même, il pensait à son immense coffre de jeux avec lesquels il n’avait plus vraiment envie de jouer, tout seul ! C’est vrai, Andreï avait tout ce qu’il voulait, il ne passait pas inaperçu dans la cour de récré avec ses vêtements toujours à la pointe de la mode. Il aimait exhiber devant ses camarades, dans un coin de cour, son portable, ou sa dernière console portable.
Sa grand-mère continuait ses histoires, mais elle eut l’impression que son petit-fils ne l’écoutait plus.
Ses yeux avaient perdu de leur éclat. Il était « parti » dans les nuages ! Sa grand-mère finit par lui dire : « On dirait que te yeux sont comme la vitre de la fenêtre ! »
Machinalement l’enfant retourna la tête du côté de la fenêtre. Il s’en était rapproché, de son souffle et de sa main il fit disparaître la buée qui voilait les carreaux, en ces jours où le froid était entrain de conquérir la nature. Sa mamie le regardait silencieusement. Elle finit par lui dire : « Alors, Andreï, maintenant que vois-tu ? »
L’enfant s’agita et devint alors intarissable, il décrivait, et faisait vivre cet immense paysage immobile, figé et transi de froid qui se déroulait à perte de vue sous ses yeux. Et plus près, là, juste sous la fenêtre, le chemin était bordé du bonhomme de neige qu’il avait fait tout à l’heure. Certains oiseaux cherchaient désespérément quelques graines pour se nourrir. Le voisin avait sorti la pelle à neige pour tracer un chemin jusqu’à sa porte.
Andreï sentit sa mamie qui se rapprochait de lui. Elle le prit dans ses bras et lui « Tu vois, là, on est bien tous les trois ! »
L’enfant se retourna, surpris ... : « Mais on n’est que tous les deux ! »
« Je ne suis pas sûr, tes yeux se sont ouverts sur la nature sur le voisin et tout ce qui vit, nous sommes trois maintenant ! » Après un court silence l’enfant lui confia : « J’aime bien ce que tu me dis grand-mère ! Tu sais moi je suis souvent tout seul !
« Viens avec moi ! » avisa sa grand-mère qui l’entrainait dans la pièce d’à côté. Il la suivit dans le salon ou brulait le bois dans la cheminée. Mais curieusement la mamie poussa l’enfant devant le grand miroir froid du salon et lui dit : « Et maintenant Andreï, que vois tu ? » L’enfant déçu ne disait plus rien : « Je ne vois plus personne tout a disparu, je ne vois que moi. »
« Sais-tu, mon enfant,-reprit sa mamie qui avait posé son bras sur son épaule- que la vitre de la cuisine par laquelle tu aimais voir tant de choses qui te réjouissait et la vitre de ce miroir sont de même matière : que du verre transparent ! Mais ici derrière la glace du salon, il y a suffisamment d’argent pour que la vitre devienne miroir devant lequel tu ne vois plus au-delà et que tu ne peux voir que toi et moi ! Vois-tu l’argent ça isole. L’argent cela empêche de voir l’autre, l’argent empêche de voir plus loin et ne fait que renvoyer une image de toi avec la tristesse de ne pouvoir voir au-delà ! Quand deux ou trois sont réunis .... la joie revient. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux.
« Alors, maintenant que vois-tu ? » ... réécrit à partir d’un conte russe à l'occasion de la rentrée pastirale 2017, et de la rentrée des caté ! (voir homélie du jour http://yonathan-fr.net/ecrit/lire/104) Thierry Mollard
Le : Dimanche 10 Septembre 2017
Dans la rubrique : Humour-Humeur