I-Les frontières qui séparent et déchirent.
45g du mur de BerlinC’est en 1982 que l’invitation « Faites de la musique ! » donne lieu à la première célébration nationale. Aujourd’hui cette fête s’est internationalisée car la musique, marquée par les frontières, ne saurait être contenues par elles. Car la musique prend le dessus ! Heureusement, elle dépasse les bornes, que les nationalismes et populismes s’acharnent, partout dans le monde, à développer, renforcer et rendre infranchissables !
Je pense à Victor Jara le chanteur à la guitare, prisonnier dans à un stade au Chili.
Sur le bord de la table on lui trancha les doigts qui ne joueront plus sur les cordes de la guitare… et son corps chancela ! Dans le stade rempli de prisonniers en fureur, son tortionnaire le piétina et cynique lui cria : « Victor Jara chante ! Tu es moins fier ! »
Levant les deux mains vides de doigts, Jara se releva et il entonna l’hymne de l’Unité populaire repris par les 6000 voix des prisonniers qui couvrirent le bruit des rafales de mitraillettes…Ces premiers jours d’été ont été ouverts par la fête de la musique ; elle a du mal à couvrir les pleurs des enfants de la migration, séparés de leurs parents et engrillagés ! nous nous mettons quand même à espérer que la Fête de la Musique fasse se lever encore des cœurs qui aiment et des mains blessées pour un instant d’unité et de partage, d’universalité et d’amitié, traversant allègrement ou ambitieusement les frontières qui donnent à chacun sa richesse et son inestimable valeur.
Ah si la musique nous soignait de la peur, cette maladie pernicieuse de l'humanité, maladie mortelle, maladie de la relation tenue en échec.Au cœur silencieux de cette maladie sournoise c’est bien la peur de l'autre qui gouverne : une peur ancestrale, mais toujours actuelle, source des intégrismes et du racisme banal !
Il est vrai que cette peur insupportable, l'homme n'a de cesse que de l’exorciser, cependant ses méthodes sont outrageusement expéditives.La plus radicale consiste à "anéantir", supprimer et tuer celui qui fait peur ! Solution finale ou définitive ! Mais tôt ou tard « l’œil qui demeure dans la tombe regarde Caïn ! » Et la peur revint.
L’autre méthode, plus progressive, nous la connaissons, elle consiste à chasser celui qui fait peur, le dé-router, dé-centrer, dé-porter. De sinistres noms de bateaux illustrent cette méthode, il y a des siècles, c’étaient les négriers, et en nous rapprochant d’aujourd’hui, le cuirassé Potemkine, les boat-people et ces innombrables embarcations de Lampédusa, sans oublier l'Aquarius, Lifeline et Seefuchs.Et enfin, (la liste est trop longue !) il reste la méthode plus subtile qui consiste à hiérarchiser et planifier, classifier les individus selon des rapports de force codifiés et leur attribuer des degrés d'humanité. Mettre un enfant en cache c’est le considérer au bas de l'échelle, sous-humains, non-humains et par conséquent ne faisant plus peur.
Le monde pourrait-il cesser d’être humain ? Ça me fait peur !Alors qu’est ce qui peut éteindre la peur en grandissant l’humanité ? ( à suivre)
Le : Samedi 23 Juin 2018
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