« Les vocations infernales » A la page ultime, 249, après voir refermé le livre je me suis dit que cela aurait pu s’appeler « La beauté du diable ! » Léonor, face à Gabriel deux héros de la dernière nouvelle, ne me démentirait pas, me semble-t-il !
J’ai ouvert avec curiosité ce livre que son auteur, Thomas Clavel, m’a dédicacé ! Savoyard en « exil » à Bobigny. Mais il faut le dire tout de suite, l’exil ne lui pèse pas et son métier, professeur de lettres, le passionne ! Une vocation ! Et sa passion est plus large que l’on croit !
« Les vocations infernales » titre qui me semblait heureusement osé est devenu fécond. N’y a-t-il pas toujours quelque chose de relatif à l’enfer, dans toute vocation ?
Thomas Clavel m’a emmené de nouvelles en nouvelles. Je me suis laissé happé et enjoué par le texte faisant des connexions ; tout en échos, ouvrant des horizons plus profonds qu’attendu.
De nouvelles en nouvelles ! Trois nouvelles se succèdent dans cet ouvrage. Sont-elles bonnes ?
Dans « Les vocations infernales » le regard de l’auteur sur le monde -a commencé par son monde scolaire de la seconde nouvelle, « Pour de faux » - nous oblige à réfléchir sur le monde, notre monde...
« Pour de faux » contrairement à ce que dit l’enfant qui joue : « Pour de vrai » enchevêtre une vingtaine de visages burlesques, comme dirait probablement l’auteur -féru de ce registre littéraire italien du XVIIe siècle-, c’est du style toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé n'est pas une pure coïncidence !
Son écriture naît d’un authentique regard malicieux sur le monde, riche en détails du quotidien de la vie, (émigration, monde des Beaux-Arts -mais assurément, pas toujours beau- sphère des cryptomonnaies, monde de l’orpaillage à Kokoyo, les tours de verre de Shangaï... ) . Riche également de mondes plus spécifiques comme celui de la Culture avec ses codes et son langage et sa quasi mystique. Comme le peintre compose avec « l’effort que fait la couleur pour devenir lumière ! » (p. 208) l’auteur manie et marie les mots pour un effet kaléidoscopique aux formes colorées, dégradées, et lumineuses sur une quête intérieure.
De même l’auteur nous titille de cette réalité des « repentirs » : superposition corrective, évolutive par laquelle le peintre modifie et donne une profondeur à sa toile. Dans les « Les vocations infernales » Thomas Clavel s’emploie à masquer ou au contraire faire apparaître des facettes des personnages, Wu, Ousmane, Xavier, Aboubacar avec leurs défis, leurs amours, leurs proches... engagés dans tant de fausses routes : en vie et mort, en drame ou comédie, en devenir ou impossible. Toujours dans une vie intérieure qui affleure des artifices.
Au fait, au bout du compte ces repentirs ne seraient-ils pas également ces regrets déplaisants de péchés passés ou qui vous collent, devenus désirs de réparation pour y échapper définitivement ?
Laissez-vous aller à visiter ce livre, un guide, s’en doute, vous expliquera avec conviction, qu’ici tout est faux, tout est entièrement réalisé de la main de l’artiste !
Le : Jeudi 19 Mars 2020
Dans la rubrique : Vibration